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14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 05:05

 http://www.noosfere.org/modules/img.php?image=http://images.noosfere.org/couv/s/seuil-041355.jpg&h=400 Voilà que je continue mon exploration de l'oeuvre d'Italo Calvino, laquelle a commencé avec mes premièrers grosses lectures adultes, à l'âge de 14 ans. Cette fois-ci, entre le recueil inachevé (il devait porter sur les cinq sens, et n'en raconte que trois) Sous le soleil jaguar, et le très oulipesque Le château des destins croisés que je viens de commencer (je verrai si j'arrive à en dire quelque chose une fois que je l'aurai fini, il semble y avoir matière) j'ai entamé une lecture qui comprend à la fois relecture et découverte d'inédits.

  Cosmicomics : récits anciens et nouveaux ne doit pas être confondu avec le recueil appelé simplement Cosmicomics (les titres italiens sont moins ambigüs : Le Cosmicomiche / Tutte le Cosmicomiche). Il s'agit en effet de l'intégrale, paru en 1997 en italien et en 2001 en français, du cycle de Cosmicomics que Calvino a commencé dans les années 60 ; on y trouve, outre Comsicomics donc, celui que j'ai déjà lu depuis de longues années, les recueils Temps zéro, Autres histoires cosmicomiques et Nouvelles histoires cosmicomiques, ces dernières ne comptant que deux nouvelles.

 

  Le fil rouge de ces recueils est assez difficile à résumer : chaque récit commence par un paragraphe tiré d'un ouvrage scientifique, portant sur le passé de l'univers ou de la terre. Est-ce une conférence ? On ne sair pas précisément, toujours est-il que ce discours est interrompu à chaque fois, didascalie à l'appui, par un personnage répondant au nom imprononçable de Qwfwq (c'est une constante parmi les mystérieux congénères, ou en tout cas contemporains de ce dernier, d'avoir des noms défiant la prononciation, voir la lecture). On ne saura jamais qui ou ce qu'est Qwfwq, mais il est d'un âge plus que vénérable, puisqu'il est témoin de chacune des époques dont il est question, même celle de la naissance de l'univers, en passant par celle des dinosaures, celle de la conquête de la terre ferme...

  J'avais cité, dans ma chronique des Villes invisibles du même auteur, une critique plus officielle qui parlait à propos de Cosmicomics d'une "poésie plus métaphysique que pataphysique (malgré les apparences)". C'est tout à fait ça : le roman réussit une synthése parfaite entre une poésie burlesque  et un aspect spéculatif très cérébral, l'un comme l'autre étant poussé bien plus loin que pour Les Villes invisibles...enfin, une synthése moins parfaite pour certains textes :  j'ai tout juster supporté l'austérité des deux Nouvelles histoires cosmicomiques (qui ont l'excuse d'être bien postérieures aux précédents recueils), et en revanche j'ai lâché l'affaire pour les deuxième et troisième partie de Temps zéro, beaucoup trop arides à mon goût. Du coup je ne sais même pas de quoi parle au juste la troisième partie éponyme du recueil, si ce n'est  que, tout comme la dernière des Autres histoires cosmicomiques, elle ne semble pas avoir de rapport direct, ou de rapport tout court, avec la trame du cycle. Ca me console, d'un côté, et puis il reste la première partie du recueil, du niveau des deux meilleurs tomes du cycle. Il me faut quand même avouer que du point de vue de l'aridité, Calvino est sans cesse sur une corde raide, mais la plupart du temps, il arrvie à s'y tenir.

  J'ai tenu quoi, trois paragraphes ? Il me faut maintenant renouer avec la "michaumanie" qui a marqué les premiers mois de ce blog. Ca faisait longtemps que je n'avais pas comparé des oeuvres, même surréalistes, à du Henri Michaux, tiens. Le cycle de Cosmicomics partage à mes yeux deux traits communs essentiels avec bien des cycle de récits du poéte belge : d'une part, le refus de la cohérence, les nouvelles se contredisent systématiquement les unes les autres, que ce soit sur l'âge de Qwfwq ou sur les événements dont il a été témoin, d'autre part un délire qui défie la visualisation, ce qui en fait peut-être le "roman" le plus étrange de Calvino, et un des plus grands OLNI du XXe siècle.

  Pour finir, il fautr bien dire que Calvino montre de la suite dans les idées avec ces recueils : on ne compte plus les nouvelles qui fonctionnent sur le même canevas, celui d'une incompatibilité de goûts et de caractères entre le narrateur Qwfq et l'une des ses anciennes compagnes, ce qui cause leur séparation avec les transformations du monde. Il faut tout le génie de Calvino pour rendre ce motif pas répétitif pour deux sous.     

 

Pas le versant le plus accessible de l'oeuvre de Calvino, certes : la pente est bien plus ardue encore que pour Les Villes invisibles. Mais ça mérite de s'accrocher.      

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6 décembre 2014 6 06 /12 /décembre /2014 12:28

 http://img.over-blog.com/600x424/0/00/82/91/2014/decembre14/BCMG_51_Postermatfoc.jpg Encore une soirée Bon chic, mauvais genre ! Qui, comme son titre l'indique, est une soirée de Noël, avec des films qui permettent d'échapper un peu à la mièvrerie dont on nous inonde en cette période de l'année, et encore une fois deux fims n'ayant rien à voir entre eux.

 

  Le premier, c'est Christmas d'Abel Ferrara, cinéaste apparemment fétiche de l'honorable Dr Devo, orga de BCMG, puisque, outre son évocation récurrente sur son site Matière Focale, ça doit être son quatrième film programmé à BCMG (du moins si le Dr Devo n'a pas oublié hier d'en évoquer, en plus de King of New York il y a trois ans).

 Chrismas nous présente un couple de dealer new yorkais d'origine domincaine, embarqué dans une sale affaire en pleine péridoe des fêtes, à la veille de l'élection de Giulani à la mairie de New York (événement qui a l'air très important pour le sens du film, mais je manque d'éléments sur l'histoire de la grosse pomme).

  Ce polar vaux surtout pour la vision pas cliché pour deux sous du couple de dealers : ceux-ci cachent leur métier pourri, avec lequel Ferrara n'est pas tendre, sous une apparence de respectabilité bougeoise, allant jusqu'à financer des oeuvre  sde charité tout à fait hypocrites (et offrant ainsi un contraste saisisssant avec les kidnappeurs du mari, justiciers pétris de bonnes intentions mais aux méthodes brutales). Par conséquent, le choix de placer l'intrigue au moment de Noël fait tout le sarcasme du film :  ces dealers sont des consommateurs comme les autres, qui procurent à leur petite fille, avec la poupée introuvable et luxueuse qu'ils lui offrent, les rêve formatés de notre fête contemporaine de Noël, sans pouvoir faire oublier le sang qu'ils ont sur les mains (le choix de musiques de Noël au générique à certains moments du film s'avère ainsi particulièremt drôle et grinçant).

  Un propos intéressant, donc, servi par des acteurs impeccables (même Ice-T est surprenant) et par une mise en scène léchée, notamment dans la photographie. Cependant, j'avoue avoir été rebuté par la lenteur du film. Je n'ai pourtant pas le sentiment d'être un fanatique du rythme trépidant, mais là, la lenteur m'a empêché  d'entrer pleinement dans le métrage. Il n'est pas impossible que je sois un peu passé à côté du film, car objectivement, il est très bon.

 

  3615 Code Père Noël, film français sorti en 1990, est donc d'un genre tout différent. J'étais allé à cette soirée pour ce film, alléché par la présentation du site Matière Focale, mais j'avoue avoir eu un peu peur lorsque le Dr Devo nous a parlé du lourd passif du réalisateur Gérard Manzor : le kitshouille Le Passage avec Alain Delon (choniqué sur Nanarland quand même) que je dois néanmoins confesser avoir beaucoup aimé ado, l'affreux Un amour de sorcière avec Vanessa Paradis (que tout comme le Dr Devo je n'ai pas vu jusqu'au bout, et j'avais pourtant 14 piges), des séries télé comme Marie-Thèrése.com ou des épisodes d'Highlander...c'est pas glorieux tout ça. Et puis apprendre que 3615 Code Père Noël a été produit  par Francis Lalanne, frère de Manzor, ça fait encore une fois un peu peur. Mais c'est ce que j'aime chez l'équipe de Bon Chic, mauvais genre : leur propension à défendre "l'indéfendable" du point de vue de la critique ciné mainstream, en dépit de tous préjugés. Peut-être en l'occurrence m'ont-ils légèrement survendu le truc, à moins que je me le sois survendu moi-même  avec mes fantasmes de pré-visionnage, mais c'est nénmoins une intéressante pépite qu'ils nous ont déniché là.

     L'argument de 3615 Code Père Noël est tout à fait celui d'un film pour enfant, ce qu'il reste avant tout : Thomas, un petit génie de 10 ans qui truffe le manoir familial de jeux hi-tech, mais croit encore au Père Noël, croit contacter celu-ci-ci sur Minitel et attire à la place un psychopathe qui s'introduit chez lui la nuit du 24 décembre, alors que sa mère (celle de Thomas, pas du père Noël psychopathe) l'a laissé à la garde du grand-père. S'ensuit un jeu du chat et de la souris entre le tueur et la petite famille aidée par les gadget de Thomas, ce qui rappelle forcément Maman, j'ai raté l'avion. Mais la comparaison avec le film américain s'arrête là.

  En  effet, le film de Manzor se montre tout à fait ovniesque dans son mélange des genres. On navigue sans cesse entre deux directions opposées : l'univers enfantin d'une part, très geek rétro et très inventif, regorgeant d'inventions poétiques comme le passage secret (les décors, plus généralement, sont étonnant), d'autre part un effroi réel et un côté noir et cruel, avec ce psychopathe qui n'inspire pas seulement la peut et le dégoût mais aussi la pitié (on est très loin du cliché du génie du crime !). Le film passe sans transition d'un registre à l'autre, et le personnage de Thomas est à l'avenant : plein de ressources et courageux, mais aussi terrorisé, très loin du jeune héros sans peur et sans reproche. Si j'ai en général du mal à apprécier le jeu des jeunes acteurs, il faut reconnaître qu'Alain Musy, l'interpréte du Thomas, est bluffant.

    C'est dans ce refus de choisir que le film de Manzor se montre le plus intéressant, ainsi que dans son inventivité poétique (même si je ne l'aurais pas comparé à Terry Gilliam comme les orgas de BCMG). Tout ceci fait oublier l'extrême kistsherie du film (mais kitsherie ne veux pas dire "kistshouille", malgré une BO très inégale et dans l'ensemble immonde), et son côté daté. Une curiosité à voir.  

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 07:24

http://www.payot-rivages.net/couvertures/bassedef/9782228895347.jpg  Lors de la précédente étape sur les légendes urbaines, j'avais déjà mentionné le "Que sais-je ?" de Jean-Bruno Renard. Il sera question ici de deux livres que Renard a co-écrit avec l'autre sommité française dans le domaine des légendes urbaines, Véronique Campion-Vincent, à savoir le dyptique des "rumeurs d'aujourd'hui" : Légendes urbaines-Rumeurs d'aujourd'hui en 1992 (ça commence à dater un peu !) suivi quelques années plus tard par De souce sûre-Nouvelles rumeurs d'aujourd'hui.

  Je parlerai surtout du premier, car je n'ai lu qu'un petit morceau du second (essentiellement le chapitre sur les croyances au surnaturel, minoritaires dans le légendaire urbain, faut-il le rappeler). Je peux d'ores et déjà  dire que malgré les sous-titres qui les rapprochent en un même dyptique, les livres ont une structure tout à fait différente : le premier est constitué d'une vingtaine d'articles autonomes et assez brefs consacrés chacun à une légende urbaine bien connue (pour citer les exemples les plus clichés, sachant qu'il y en a pas mal de plus originales : les crocodiles dans les égoûts, les auto-stoppeurs fantômes...), tandis que le second est constitué de longs chapitres traîtant de manière plus transversales, à travers force exemples, des grands thèmes du légendaire urbain. C'est donc du premier dont il sera question ici.

  Comme cela devait se voir un peu dans le précédent billet, le légendaire urbain m'avait avant tout intéressé en tant que résurgence de mythes archaïques, qui en font l'une des (nombreuses, quoiqu'on on dise) dernières branches, la plus ancrées dans notre civilisation moderne, du grand arbre des mythologies, comme j'avais pu m'en rendre compte jusqu'au vertige à travers l'essai de Le Quellec, Alcool de singe et liqueur de vipère. Cependant, se focaliser sur les survivances serait passer à côté des essais de Renard et Campion-Vincent. C'est bien le légendaire urbain dans son ensemble qui y est intéressant, même s'il ne m'est pas plus sympathique, en raison principalement de son caractère conservateur voir franchement réac' , même pas distancié par l'éloignement culturel, et, ici je vais porter un jugement esthétique qui n'a aucun sens scientifiquement, mais mes billets de mythologie sont de toute façon un truc de lettreux et pas de mythologue, de leur relative pauvreté d'imagination, à quelques exceptions près bien sûr (des inventions poétiques comme les fameux vérins hydrauliques de la tour Eiffel, et bien sûr les très belles fresques déjà données en exemple plus haut).

  Mais je perd le fil... donc, Renard et Campion-Vincent ne se focalisent pas sur les sources archaïques des légendes urbaines, dont ils ne sont de toute façon pas spécialistes en tant que sociologues et non mythologues, et ce même si les sources archaïques sont présentes. L'énergie que notre tandem n'emploie pas à chercher en amont du légendaire urbain comme le fait Le Quellec (cité plusieurs fois, notez bien) il l'emploie à chercher en aval, dans les innonbrables développements qu'offrent la culture littéraire et audiovisuelle, et ils se montrent par là d'une érudition impressionnante.

  C'est cette dernière qui m'a le plus intéressé dans cet essai, car j'ai bien moins accroché à l'intéreprétation des légendes urbaines. Celles-ci font largement recours à la psychanalyse, et la psychanalyse et moi (voire la psychologie en général, il y a des théories qui m'effraient bien plus que la psychanalyse) ça fait deux. Certaines connections entre légendaire urbain et mythes traditionnels m'ont semblé aller vite en besogne, malgré leur propension à faire rêver. Enfin, il m'a semblé que les auteurs en faisaient un peu trop dans l'analyse de la morale urbaine, dans tout ce qu'elle peut avoir (sauf exception) de convervattrice / réactionnaire. Certes, le côté réac' du légendaire urbain, où suinte la peur de l'étranger et de la modernité, ne fait aucun doute, mais de là à voir de la fable et de la justice immanente excessivement cruelle partout...sans parler de trucs qui m'ont semble parano et pour tout dire un peu puant comme le fait de vouloir à tout prix voir une métaphore xénophobe dans le film Alien.

 Ouvrage passionnant pas son érudtion. Pour ce qui est de l'analyse, chacun jugera. 

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 04:59

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/large/d8/43466.jpgC'est pas pour dire, mais ça manque un peu de série B décontractée du slip sur ce blog, que ce soit en film ou en livre, et c'est pourtant pas faute d'en lire / regarder. Il est temps d'y remédier.

 

  La franchise House, développée dans les années 80-90 à partir de la charmante comédie d'horreur de Steve Miner, mérite que je fasse une petite parenthèse 3615 mylife. Promis, ça ne sera pas long.

  En effet, c'est tout minot que j'ai découvert le premier film, sous forme de gag en détournant les images, dans Pif Gadget, pour être précis un numéro spécial intitulé "Pif horror show". Pendant des années, au moins jusqu'à mes 13 ans où je redécouvrais mes vieilles BD, le film m'a hanté sans l'avoir vu. Paradoxalement, j'ai attendu l'âge de 23 ans pour le regarder en DVD (pour les suites, ça aura encore attendu 5 ans, jusque la semaine qui vient de s'écouler). Forçément, la gentille comédie horrifique de de Steve Miner était très loin des fantasmes sulfureux de mon enfance. Mais parce que j'ai vaguement grandi entre temps, j'ai tout de même pris un grand plaisir à la voir.

 

  Le premier House, réalisé en 1986, et sans nul doute, et sans surprise, le meilleur. On y suit le cauchemar d'un écrivain de romans fantastiques, Roger Cobb, qui se réfugie dans la maison où son jeune fils a disparu voici des années, et où sa grand-mère vient de mettre fin à ses jours, afin de trouver l'inspiration pour écrire sur son expérience du Vietnam, au lieu de quoi il sera confronté à des créatures monstueuses.

  Le film présente un mélange détonnant de comédie légère, mais pas dépourvu d'humour noir, et d'horreur, une horreur qu'on pourrait qualifier de grotesque dans le bon sens du terme. C'est frais, c'est inventif, le défilé de monstres donne parfois l'impression de voir un Muppet Show horrifique. D'aucun lui trouverait un côté vaguement nanardesque avec ses effets spéciaux bricolés, mais outre que ceux-ci donnent un grand charme au film, que ne procureraient certes pas des images de synthèses des années 80, le métrage ne se prend pas au sérieux et cultive le second degré et, plus loin que ça, l'humour. Les gags sont souvent drôles, on peut même trouver une forme de poésie dans cette galerie de monstres.  Certaines scène sont apparemment devenues cultes, comme celle du "raton laveur dans le placard".

 

  http://images.fan-de-cinema.com/affiches/large/e0/41621.jpgLes suites, qui n'ont aucun rapport avec le premier ni entre elles du point de vue de l'intrigue, et n'ont en commun que le thème de la maison hantée et un certain goût de la fantaisie, sont, sans surprises encore une fois, nettement moins bonnes, mais le second, House II, la deuxième histoire, réalisé en 1987 par Ethan Wiley, est encore honorable.

  Autour du scénario le plus improbable de la franchise, jouant d'avantage des codes de l'aventure que de l'horreur (le héros, revenant avec sa compagne dans le manoir de ses parents qu'il n'a jamais connu, réveille le fantôme de son arrière-arrière-grand-père et l'aide à progtéger le crâne de cristal que celui-ci a ramené d'un temple aztéque- tout un contexte familial qui insuffle une grande tendresse au film, bien dans l'esprit de la franchise finalement) le second volet de la série n'en montre plus guère, d'horreur, ni même d'humour noir, au profit d'une comédie fantastique légère. L'inventivité est encore au rendez-vous, sous une forme très naïve, parfois à la la limite du nanar, même s'il faut compter avec le second degré. On y voyage dans le temps, la préhistoire ressemble à un monde perdu à la Conan Doyle où les dinosaures côtoient les hommes des cavernes, ces derniers portent des armes en métal (!) tout comme à une autre époque les aztéques, ce dont je n'arrive pas à déterminer si c'est voulu et assumé.

  Au final, le film dégage une poésie acidulée de bande dessinée ou de vieux cinéma de quartier, un cinéma mort et enterré depuis des lustres à l'époque du film qui ne peut en être qu'un pastiche [EDIT : je n'en suis plus aussi sûr quelques mois après rédaction de cette chronique !]. C'est parfois un peu trop enfantin à mon goût, mais ça ne jure pas tant que ça avec le premier, finalement.

 

  Avec le troisième volet, The Horror Show (James Isaac, 1989), les choses se gâtent. De façon surprenante, les producteurs font évoluer la franchise  vers le gore (très mal fait) et le glauque, avec un psychopathe de service affreusement surjoué qui harcéle post-mortem le flic qui l'a mené sur la chaise électrique (ce qui confère tout de suite une délicieuse puanteur au film).

  Cette évolution n'est pas forcément courageuse (j'imagine qu'il est plus facile de vendre des effusions de ketchup pour ados en mal de frisson qu'une fantaisie poétique qui parle  à l'âme d'enfant) mais après tout, pourquoi pas...le problème est que cela ne débouche que sur un film poussif, ni fait ni à faire, plus proche du navet que du nanar, et ce malgré quelques bonnes scènes qui renouent avec le grotesque et l'humour noir de la série, et l'aspect plus nanardesque (mais rit-on du film ou avec lui ?) des théories pseudo-scientifiques bidons ; mais les bonnes scènes sont trop rares, et c'est bien dommage.

 

  House IV (Lewis Abernathy, 1992) redresse péniblement la barre, en renouant avec le mélange de fantaisie et d'humour noir de la série (on y voit d'ailleurs apparaître William Katt, l'acteur qui joue Roger Cobb dans le premier film, dans le rôle...d'un personnage qui porte le même nom). On tient une jolie fable écolo, un peu naïve, avec la veuve de "Roger Cobb" qui s'installe avec leur fille dans le manoir familial du défunt, bâti sur une source sacrée indienne (!) et tente de le sauver des manoeuvre de son beau-frère, au service d'indsutriels véreux.

  Ce quatrième volet est dans l'ensemble un film très moyen, avec une mise en scène très téléfilm et où la sensibilité propre à la franchise se change en une affreuse mièvrerie. Mais on y rit plus volontiers avec le film, et certaines scènes d'horreur s'apprécient au premier degré, de sorte que finalement, ça se suit sans déplaisir. La franchise a bien fait de s'arrêter là, mais elle tire le rideau sur un spectacle bien moins catastrophique qu'on l'aurait craint. 

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 04:00

http://img.over-blog.com/600x424/0/00/82/91/2014/octobre14/BCMG_50_Poster-mat-foc.jpgMazette, ça faisait une éternité que je n'avais pas chroniqué une soirée Bon chic, mauvais genre. Je crois bien que ça fait exactement un an.

J'ai pourtant eu deux autres occasion d'assister à la fameuse soirée double programme lilloise (même si je n'ai plus jamais été aussi assidu que durant la saison 2011-2012, dont je n'avais manqué qu'une séance) mais j'avais eu la flemme d'en faire une chronique. Certes, la dernière soirée à laquelle j'avais assisté, en janvier, ne comptait que des chef-d'oeuvre, mais Twin Peaks de Lynch et L'Antre de la folie de Carpenter n'ont pas besoin d'enièmes chroniques. La chose aurait presque été plus pertinente avec la soirée nanar du mois  précédent, si je m'étais trouvé à l'aise avec la chronique de nanars. Il est temps que je me bouge un peu.

 

Donc, ce mois-ci, la soirée BCMG était dédiée à deux films n'ayant absolument rien à voir entre eux, sauf de venir de la perfide Albion.

  Le premier, c'est Les Diables de Ken Russell (1971) qu'il ne me sera pas facile de chroniquer, mais la claque qu'il a représenté le mérite.

  Le film adapte un roman d'Aldous Huxley, lui-même tiré d'un faitr divers du XVIIème siècle, lorsque le cardinal de Richelieu instrumentalise une affaire de sorcellerie pour faire tomber l'evêque de Loudun.

  Cette fresque historique aurait déjà tout pour être flamboyante avec une mise en scène plus conventionnelle. C'est que l'histoire a du souffle: Grandier, evêque de Loudun, chantre de la tolérance entre protestants et catholiques, a l'inconvenient de subjuguer les femmes, de sorte que le phénomène d'hystérie collective qui se déclare dans un couvent est l'occasion idéale pour l'accuser de sorcellerie, malgré le fait que parallèlement, il vit une histoire d'amour pur, même si tout aussi condamnable pour un ecclésiastique. Une ode à la liberté contre le fanatisme appuyé par le progrès de l'Etat, un thème qui me parle particulièrement dés lors qu'il est question de chasse aux sorcière, comme ce blog s'en été fait l'écho ici ou .

  On aurait donc déjà un film qui aurait du souffle avc une mise en scène plus conventionnelle. Mais pour notre plus grand bonheur, celle-ci ne l'est pas du tout. On tient l'archétype de l'esthétisque baroque et du grotesque dans le meilleur sens du terme, une esthétique délirante qui part dans tous les sens, mais de façon tout à fait maîtrisé, jusque dans le jeu des acteurs qui n'en font jamais trop, même dans l'hystérie. Le réalisme historique passe à la trappe dans ce somptueux délire, le XXème siècle s'invite occasionnellement dans le XVIIème, mais toujours de façon discrète -on est pas dans un Astérix non plus- par exemple dans l'hallucinate vision des archives royales. Certaines inventions sont presque surréalistes comme les seringues pour ôter le démon.

  Le film est une expérience à vivre, mais hélas mes lecteurs (et les autres) ont peu de chance de voir le même que moi, celui-ci ayant été censuré, la scène d'amour avec le Christ notamment est introuvable.

 

  Avec Le 6ème continent de Kevin Connor, on change carrément d'ambiance pour glisser vers un spectacle un peu plus nanardesque.

  Je vais avoir du mal à ête objectif sur le film : quand on en vient à avoir les larmes aux yeux parce qu'on va revoir un trésor de notre enfance  et que l'occasion est rarissime (le film n'a jmais été édité en DVD en français, pas plus que Centre terre, septième continent, autre adaptation d'Edgar Rice Burroughs par le ùême réal et autre trésor de ma propre enfance) ben c'est pas facile, d'être objectif.

  Le scénario de ce film de 1975, présenté par les orgas de BCMG comme  l'un des derniers représentants du cinéma de quartier avant l'arrivée des blockbusters, est simplissime : durant la Première Guerre Mondiale, les naufragés d'un paquebot s'emparent  du sous-marin allemand qui les a a coulé et se perdent avec lui dans un monde perdu peuplé de dinosaures et d'hommes préhistoriques.

  Aussi objectivement que j'essaye d'être, j'aurais du mal à dire si le film est vraiment un nanar. La mise en scène est plutôt bonne, on est pas dans un truc mal fichu et ultra-fauché à la Ed Wood. Durant le film, je me suis davantage supris à rire de certaines lignes de dialogues, de la naïveté et du côté un peu réac', notamment le peu d'égard vaguement colonialiste avec lequel est traité le personnage de sauvage de service (pour cela, le film a l'excuse d'être adapté du père de Tarzan) que des effets spéciaux et des décors de carton-pâte, qui sont certes la première chose qui prête à rire, mais qui dégage un charme aussi délicieux que suranné. Un dessert léger et agréable après le plat très copieux que constitue le grandiose Les Diables

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 15:05

 http://www.ecriture-communication.com/archipoche/wp-content/uploads/sites/4/9782352872221-G-210x340.jpg Je vais me faire plein d'amis, mais j'avais jusque là toutes sortes de mauvaises raisons de ne pas m'intéresser aux légendes bretonnes. Les régionalistes qui nous les cassent grave avec, pour commencer, et aussi la lourde tendance de la culture mainstream franchouillarde à se référer systématiquement à la péninsule dés qu'il est question de légendes rurales, au point d'en faire un poncif éculé. Etant donné que l'on a pas assez d'une vie pour découvrir tous les trésors mythologiques du monde, j'avais donc tiré prétexte de ces mauvaises raisons pour négliger la Bretagne, sauf à travers mes lectures parlant un peu plus généralement du légendaire français. Mais bon, comme il ya quelques mois j'ai lu les deux recueils de contes basques de chez Aubéron, je me suis dit que j'allais aussi m'intéresser à la Bretagne de façon, euh, "autonome".

  Bon, comme ça, j'ai surtout l'air de faire de provoc', et il ya bien  un peu de ça, mais il ya derrière cette confession toute une question sur la façon de considérer les légendes bretonnes : partie intégrante du légendaire française (dont je ne la distinguais pas jusqu'à présent, dans un esprit peusdo-jacobin paradoxal chez un provincial que ses sympathies anarchisantes ne prédisposent pas au centralisme étatique) ou culture spécifique dotée d'un véritable héritage celtique ? La lecture du livre dont il  va être question, mais aussi le fait d'apprendre qu'il est doté dans une autre édition d'une préface et de notes de George Dottin, confrère celtisant de l'auteur mais plus spécialiste de l'Irlande que de la Bretagne, commencent à m'ouvrir à l'idée des spécificités celtiques de la péninsule, face auxquelles j'ai été longtemps obtus, même si la Bretagne est aussi, bien entendu, partie intégrante de la culture française, ce qu'on ne peut plus nier au XXIème siècle (au XIXème siècle, à l'époque de Le Braz, à la rigueur...)( plein d'ami, vous disais-je)         

  J'ai donc lu ce grand classique du folklore breton qu'est La Légende de la Mort  d'Anatole Le Braz dans sa réédition chez Archipoche, qui n'est peut-être pas forçément l'idéal pour découvrir cette oeuvre : elle n'est pas entière, pas plus qu'aucune édition en volume (l'édition en deux tomes chez Terre de Brume, peut-être...) on n'y trouve pas, comme dans les omnibus de l'auteur chez  Bouquins (les deux tomes de La magie de la Bretagne, où sont regroupé ses oeuvres folkoriques et ses romans et nouvelles, et où ce livre-ci n'est pas entier non plus) l'appareil critique de George Dottin, au profit d'une courte préface plus lettreuse de Claude Seignolle (ceci-dit, même si ce n'est pas très sicentifique, Claude Seignolle, c'est quand même le classe), et puis, histoire de pinailler, l'édition n'est pas très agréable à lire pour des raisons purement matérielles, avec son texte imprimé trop près du bord des pages. Mais concernant le texte lui-même, c'est bien entendu un chef-d'oeuvre.

 

  La Légende de la Mort, c'est un recueil de récits et de croyances,  en provenance surtout de Bretagne bretonnante, autour de la Mort, des revenants, de l'au-delà. La forme littéraire qui domine de recueil, c'est la légende, au sens de récit fabuleux ancré dans l'histoire et la géographie. Si l'on trouve de rares contes à peu près atemporels (ou du moins qui l'était peut-être avant d'éventuelles retouches littéraires du folkloristes), si les nombreux textes courts qui émaillent le recueil ne font qu'exposer des croyances de façon anonymes, en revanche la quasi-totalité des récits proprement dit sont situées dans des localités de Bretagne, les personnages sont le plus souvent nommés, et il est fréquent que les récits touchent personnellement les narrateurs anonymes, qu'ils soient arrivés à eux-même ou à un membre de leur famille. Je m'interroge encore sur l'infulence qu'a pu avoir sur cet ancrage, comme déjà évoqué, la plume de l'auteur, car les textes sont indiscutablement remaniés, ne serait-ce que dans le style. Les récits "vécus" me questionnent particulièrement, j'imagine mal les conteurs bretons faire dans ce genre d'affabulations. Après, un recueil presque entier dont les récits se passent dans des lieux réels et autour de personnages nommés, ma foi, pourquoi pas, j'ai quand même un peu l'habitude de ce genre de récits, même si je n'ai jamais lu un recueil entier qui leur était dédié, tout en me doutant que ça existe à la pelle.

 

  En tout cas, ces récits, tout ancrés dans le réel qu'ils soient, n'en sont pas moins des bijoux d'imagination. Les histoires de fantômes bretons, celles du désormais célèbre Ankou, constituent un catalogue d'images saisissantes, tout à fait propre à inspirer des écrivains fantastiques, ce qui n'a certainement pas manqué, et je pense même qu'on peut commencer par Le Braz lui-même. Les récits sont tantôt macabres et effrayants, tantôt lumineux, mais toujours de façon ambigues : en général, en Bretagne, quand on croise un mort, même l'âme amicale d'un proche, c'est qu'on va mourir bientôt. Certes, la mort  n'est pas toujours un mal dans la culture populaire bretonne, et on pourrait écrire des pages et des pages -Dottin a peut-être disserté là-dessus dans ses notes- sur la vision extrêmemnt complexe du sort de l'âme dans cette culture. Imaginaire puissant et préoccupations mystiques, il me faut bien admettre que La Légende de la Mort se ressent clairement de l'influence celtique.    

  La plume de Le Braz est élégante, rythmée bien entendu par des tournures rappelant l'oralité, et elle se pique souvent de respecter le style énigmatique du conte, a contrario des dilutions insupportables qu'on trouve chez d'autres auteurs. Les courts textes racontant les croyances sont d'un style plus simple, et il me semble bien qu'on trouve quelques textes fidélement retranscrits, car complétés de passages entre parenthèses.

 

  Pour ceux qui veulent découvrir la vraie culture bretonne, par un vraie spécialiste, et pas l'ersatz de la culture mainstream.

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9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 12:16

http://ecx.images-amazon.com/images/I/61Qf0vBlzDL._SX258_BO1,204,203,200_.jpg

  (Comme je n'en rate aps une, j'avais cru avoir attribué, apr une énrome bourde, une BD qui n'est aps de lui à Renaiud Dilliès. Après vérif, elle ezst bien de lui, ce qui me contrait à redonner sa forme originelle à ma chronique. Vertige de la distraction...)

 (Quitte à devoir refondre ma chronique, je vais en profiter pour résumer les albums, tiens, vu que je ne l'avais pas fait, et faire quelques autres retouches).

  

J'avais découvert les BD de Renaud Dilliès par hasard, en flânant à ma bibliothèque préférée. Ce qui fait peut-être de cet auteur-dessinateur ma plus grosse claque BD découverte par hasard.

  La relecture, cinq ans plus tard, de trois de ses albums sera l'occasion de parler de son oeuvre, mais je regrette ne n'avoir pas réussi à remettre la main sur Sumato, que j'avais lu si j'en crois mon ancienne chronique sur ActuSF (laquelle j'ai hésité à reprendre ici sous une forme remaniée, mais je n'arrive même pas à la relire tellement son début suinte la naïveté...) mais dont je ne me souviens plus du tout après toutes ces années, même si j'ai l'air d'avoir aimé.

 

  Si Le Jardin d'hiver, en collaboration avec la dessinatrice Grazia La Padula, met en scène des personnages bien humains, les autres albums de Dilliès en solo -ou à peu près, il a généralement recours à un coloriste- que j'ai relu (Mélodie au Crépuscule, Betty Blues et Bulles et nacelle), Sumato aussi d'après la couv' et mes vagues souvenirs, et très certainement la majeure partie voir toute l'oeuvre de l'auteur, relèvent de la bande dessinée animalière, s'inscrivant ainsi dans une longue tradition (quasiment aussi ancien que la BD, finalement, voyez Krazy Kat de Herriman) qui consiste à adapter pour un lectorat pour adulte ce genre qui symbolise encore l'imaginaire enfantin. Et le moins qu'on puisse dire et que Dilliès y apporte une touche très personelle, car on peut difficilement trouver une oeuvre plus cohérente.

  Mais histoire de ne pas mettre la charrue avant les boeufs, et puisque je dois restaurer l'état initial de ma chronique, je vais en profiter pour insérer un résumé des albums.

  Dans Mélodie au Crépuscule, une cigogne mâle perdue dans ses rêves se lie d'amitié avec le guitarsite de jazz manouche Tchavolo (sans doute une référence AU Tchavolo, mais ici il a la forme d'un chat et se promène en roulotte) qui l'emmène dans un grand voyage à la découverte de la liberté.

  Le héros de Betty Blues, un oiseau trompettiste de jazz, décide de renoncer à la musique et de fuir la ville, pour partir n'importe où -il prend en fait un train jusqu'au terminus, après une déception amoureuse.

  Bulles et nacelles est une variation poétique (pléonasme pour une oeuvre de Dilliès) sur la solitude vécue de façon volontaire, mais néanmoins pas toujours facile par une souris qui se rêve écrivain sans pouvoir accoucher de la moindre feuille.

  Le Jardin d'hiver, le seul à ne pas mettre een scène des animaux donc, développe en gros le même thème, présent aussi dans les autres albums, mais la solitude du personnage, si elle n'est pas non plus totale -il a notamment une charmante petite amie- est plus dure à supporter et doublée de dépression, et l'album est davantage axé sur les rencontres susceptibles de la soulager. 

  Une oeuvre cohérente, disais-je donc.

  D'abord, ces intrigues animalières s'échappent constamment vers l'onirisme, à travers des passages complétement fous graphiquement. Mélodie au Crépuscule est le plus délirant à cet égard, et il pousse aussi le plus loin un autre aspect récurrent de l'oeuvre de Dilliès : sa mélancolie. Et même plus loin : on peut parler de mélancolie pour Bulles et nacelle,et pour Le Jardin d'hiver, mais avec Mélodie au Crépuscule et Betty Blues, on glisse vers une cruauté qui fait d'autant plus mal qu'elle reste douceâtre. Dans tous ses albums, de toute façon, Renaud Dilliès a un don pour faire mal au lecteur.

  http://aliasnoukette.fr/wp-content/uploads/2013/08/Me%CC%81lodie-au-cre%CC%81puscule-e1377618235697.jpgParmi les autres traits récurrents dans cet univers, on peut noter l'omniprésence du jazz, passion contagieuse de l'auteur, et une verve anticonformiste et même libertaire (sans vouloir trop m'avancer, on me dirait que Dilliès est anar que je n'en serais pas autrement étonné, en tout cas certains passages de Betty Blues y font fortement songer).

  Aucun de ces quatre albums n'est faibles, même si Le Jardin d'hiver est plus naïf dans son onirisme comme dans son message anticonformiste, au point que j'ai pu à la relecture penser à une oeuvre de jeunesse (sur ActuSF, j'avais plutôt parlé de "naïveté apparente" pour Sumato -je ne sais ce que j'en penserais aujourd'hui- mais aussi, ce que j'ai du mal à comprendre, pour Betty Blues), mais cet album reste d'une beauté et d'une poésie profondes, notamment dans l'invention qui lui donne son titre, et le poésie peut se concentrer dans une image comme dans la sublime planche d'introduction.    

 

  Un très grand auteur de la BD et même pas que franco-belge, assurément.

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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 11:34

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/165x250/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/9/1/3/9/9782913947368FS.gifJusque là, je conaissais surtout les trésors mythologiques des Amériques par leur versant améridindien, ce qui est sans doute le plus passionnant du point de vue de l'éloignement cutlurel. Je ne connaissais le folklore de "colon" que par quelque bribes, notamment chez Borges (ainsi des joliment absurdes histoires de bûcherons des Etats-Unis sur une faune fantaisiste et burlesque), plus des mentions dans des études folkloriques, et plus récemment les recueils de Praline Gay-para (hop et hop, sachant que c'est bien entendu dans d'autres recueils, non chroniqués ici, les Contes curieux et les Contes très merveilleux des quatre coins du monde, que j'ai lu les contes des Amériques, parfois certes d'origines indiennes, et parmi ceux qui ne le sont pas, des contes antillais, ce qui a précédé ma décision de me laisser tenter par le livre dont il va être question).

 

  Quelques contes créoles, paru aux éditions Silène (la maison de Henri Gougaud !) est sous-tiré "collecte de Madame Schont". Il s'agit de la réédition du recueil publié en 1935, pour le tricentenaire des Antilles, par cette professeur au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, qui a donc collecté elle-même ces contes de Guadeloupe.

  Le recueil est très court (une grosse centaine de pages) mais il faut dire que les contes eux-même (partagés entre contes proprement dits et "fables", sous lesquels Mme Schont regroupe tous les contes animaliers, la plupart mettant en scène les aventures de Lapin Blanc) sont très bref, et ont même un style un peu sec, ce qui est le signe que madame Schont les a très peu réécrit ; on connaît des folkloristes universitaires moins consciencieux ! La transcription qu'on imagine fidèle procure d'autant plus de plaisir à lire ce recueil.

  De façon revendiquée, les éditions Silène n'ajoute presque aucun appareil critique à leur réédition, et reprennent la très courte préface originelle, écrite par l'ancien proviseur du lycée, M Charles Moynac, qui nous explique que les schémas de contes sont le plus souvent empruntés à l'Occident et à l'Orient. C'est souvent vrai : on rencontre même des versions de Cendrillon et de Barbe-Bleue, qu'il est passionant de voir transposé dans le contexte culturel créole, et les "fables", c'est à dire les contes animaliers, reprenne parfois des éléments universels connus par le Roman de Renart, notamment le célébrissime épisode du vol de poisson. Cependant, comme le mentionne une note, le seul embryon d'appareil critique ajouté par les éditions Silène, M.Moynac se trompe lorsqu'il suppose que les Noirs des Antilles, déracinés, ont perdu tout leur héritage africain. Comme le dit la note, des études comparatistes prouvent le contraire. Comme, chose frustante qui est certes un choix de la part de Silène, on ne saura rien de ces études comparatistes, je me suis amusé à repérer moi-même les influences africianes, notamment dans les aventures du rusé et retors Lapin Blanc, qui reprennent celles du Lièvres dans des contes de différentes ethnies que j'avais découvert notamment dans les recueils lus chez Anako et chroniqués ici. Il n'y pas que pour l'Afrique que l'absence assumée d'appareil critique ajouté est frustrante : je serais notamment très curieux de savoir si le Diable qui chasse Dieu du Paradis, sans que ce problèle soit résolu à la fin de l'aventure mettant en scène Lapin Blanc, si ce motif n'est pas une relecture rustique d'un grand mythe hindouiste, sachant que l'hindouisme est très présent aux Antilles et apparaît d'ailleurs au détour des notes de ce recueil. Mais encore une fois, je fais mon enfant gâté, rien n'obligeait Silène a recourir aux services d'un spécialiste, et l'important est le charme et l'intérêt des textes.    

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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 16:58

http://www.noosfere.com/modules/img.php?image=http://images.noosfere.org/couv/p/pdf118-1997.jpg&h=400 De ce premier roman de Jean-Pierre Andrevon, je ne conaissais jusque là que l'adaptation en film d'animation par René Laloux, sous le tire Gandahar (devenu depuis le titre du roman, mais je resterai fidèle aux Hommes-machines contre Gandahar, titre de l'édition que j'ai lu) film dont j'avais parlé ici.

  Le roman prend place dans le royaume idyllique de Gandahar, sur planète Tridan, et raconte une aventure (sachant que d'autres aventures ont été écrites presque 30 ans plus tard, bien après encore le film) du chevalier Sylvin Lanvère, mandaté par la reine Ambisextra pour contrer une invasion de robots qui se révèlera venir du futur.

 

  Oeuvre de jeunesse de Jean-Pierre Andrevon, Les Hommes-machines contre Gandahar n'est pas forçément un roman révolutionnaire, mais il est est malgré tout ravissant, et pas seulement. C'est avant tout un merveilleux roman d'aventure, qui tire me leilleur partie de l'univers coloré où il se situe...en parlant de couleur, celles-ci se révèlent très importante dans un roman dont els descriptions sont de vrais tableaux (on comprend pourquoi Andrevon a succédé à Stefan Wul dans les sources d'inspiration des long-métrages de Laloux, et il y avait bien dans son roman un défi à la démesure crayon de Caza, co-auteur du film), et de là à penser que ce roman publié en 1969 subit l'influence du psychédélisme, il n'y a qu'un pas.

 Le roman, au style plutôt léger (ce qui n'est pas forçément désagréable) peut de ce fait sembler un peu naïf, mais il n'est pas pour autant dépourvu de subitlité et de réflexion, très loin de là, notamment dans sa mise en garde ; si la créature qui échappe au contrôle du créateur n'est pas du tout un thème neuf en science-fiction, il ne s'agit pas ici d'un des aspects sinistres parmi tant d'autre d'une dystopie stéréotypée, mais d'un des nombreux revers (avec l'autoristarisme latent, avec les manipulations génétiques qui ont laissé des peuples de "transformés" aux marges de Gandahar...) d'un monde qui nous paraît utopique de premier abord, ou le progrès a créé une société hédoniste qui, c'est le plus intéressant, vit en fusion avec la nature. Bref, un roman qui fait réflechir, loin du divertissement facile qu'il semble de prime abord.

  Il ya bien quelques défauts à ce roman, notamment le personnage d'Airelle qui est quand même passablement greluche. C'est l'un des aspect ou le film de Laloux apporte une plus-value au roman, une constante chez ce réalisateur qui a su magnifier la littérature "de gare".    

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 20:52

http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/couv_jpg/9782330010744.jpg  Je dois commencer cette chronique par un mea culpa : lors de ma précédente chronique de contes palestiniens, j'avais promis que la conteuse Praline Gay-para, pour l'oeuvre de laquelle j'ai eu un véritable coup de foudre (rappelons que je ne lis pour ainsi dire jamais les recueils de contes en fonction de l'auteur)  reviendrait sur ce blog et que cela arriverait au moins pour ses Récits de mon île, mais j'avais aussi supposé que ce dernier livre, sous-titré "contes urbains" et où l'île du titre n'est  autre que l'Île-de-France, ferait une nouvelle étape du périple mythologique et plus précisément une suite de l'étape  sur les légendes urbaines. Finalement, ces Récits de mon île n'alimenteront même pas la rubrique  "mythes " de ce blog, au profit d'une catégorie choisie un peu par défaut pour cette oeuvre inclassable, "surréalisme et étrange". Car même s'ils sont présentés, dans un mot d'introduction suggestif et énigmatique et qui donc n'engage à rien,  comme de sources folkloriques, c'est bien de contes littéraires qu'il s'agit. Des contes urbains et parisiens qui rappellent forcément ceux de la rue Broca de Pierre Gripari, mais la comparaison s'arrête là, car ceux de Praline Gay-para n'ont rien à voir par la style comme par le ton.

  Du coup, passé le début dérangeant de la lecture ("mais, c'est pas une source fiable !") ces contes restent ceux que j'ai le mieux apprécié de Gay-para. Ses quatre autres recueils parus chez Actes Sud / Babel (Contes populaires de Palestine, déjà chroniqué donc, auquel s'ajoutent Dame Merveille et autres contes d'Egypte, Contes curieux des quatre coins du monde et enfin Contes très merveilleux des quatre coins du monde) sont de vrais contes folkloriques, mais adaptés littérairement, et même si Gay-para a la délicatesse de détailler ses adaptations en note, comme le fait Catherine Zarcate dans ses Histoires du Roi Salomon que j'avais chroniqué  ici, et en outre cite plus rigoureusement ses sources que Zarcate, eh bien j'ai toujours du mal avec la notion même d'adaptation littéraire dans ce domaine. Avec les Récits de mon île, au moins, la question ne se pose même pas.           

 

  L'inspiration "folklorique" est réelle, bien sûre : la quatrième de couverture (dommage de devoir faire appel à elle pour comprendre le livre) explique que la conteuse "s'est inspiré de récits de vie récoltés auprés de personnes de toutes origines". C'est bien, dans ces contes, ce dont on peut être sûr de la réalité : le récit de vie dont part chacun d'eux. L'aspect merveilleux, qui n'est pas présent dans tous les contes, est en plus, mais là encore, on peut s'amuser (et non se prendre la tête comme je l'ai fait naïvement au début de la lecture), à essayer de deviner ce qui pourrait relever du folklore urbain. 

  La courte historiette, aux allures d'histoires drôle, qui ouvre le recueil, pourrait bien être une authentique légende urbaine. Le conte merveilleux La Dame Rousse ressemble, par son aspect décousu et sa naïveté, à une histoire que pourrait raconter les enfants, et  de façon un peu moins sûre Le gars du dessus et le gars du dessous pourrait être narré par un ado imaginatif (son cadre atemporel est d'ailleurs curieux : on a presque l'impression que notre civilisation contemporaine y est éternelle ! Naïveté adolescente -sachant quand même que le héros est un lecteur boulimique de livres scientifiques- ou licence poétique de la conteuse ?).

  En revanche, des fois, souvent même, c'est trop beau pour être vrai, notamment quand le merveilleux se change en fantastique énigmatique digne des plus grands maîtres du genre (les contes de Gay-para, mêem ceux qu'elle puise dans les folklores du monde, ont souvent un côté énigmatique, au moins dans leur habitude fréquente de finir de manière ouverte ; dans ce recueil, le récit prend volontiers une tournure quasi-surréaliste, conjuguant ainsi les deux domaines littéraires qui me passionnent le plus), ou bien quand le merveilleux arrive comme un cheveu sur le soupe sur une histoire plus ancrée dans la glèbe (le motif de conte, qui finira rationalisé, et se greffe sur la tourmente de la Seconde Guerre Mondiale dans Il a nommé son fils Ulysse, ou bien le touchant Heureux qui comme Icare ou le couple adultère passionné ne se réunit qu'un jour par an comme il est permis aux étoiles du Bouvier et de la Tisserande dans un célèbre mythe chinois, encore démarqué des siècles plus tard par nombre de contes asiatiques), ou encore quand le message est par trop évident. Et que dire de L'enfant dans la lune dont l'histoire peut trouver un parallèle dans nombre de folklores africains (même si je pense que, même pour un franco-africain, il prendrait place dans l'Afrique ancestrale et non dans notre civilisation urbaine) mais qui ici fait référence sans équivoque au Kirikou de Michel Ocelot ?

  Au-delà de ce jeu sans fin, il reste que ce recueil est, je pèse mes mots, un pur chef-d'oeuvre d'imagination et de poésie. Si vous voulez du rêve, vous en trouverez à foison dans ce recueil, et ce malgré quelques textes plus faibles que la moyenne. La morale est parfois un peu trop optimiste à mon goût de punk-grunge-gothique-émo-flap-flap, mais ce n'est jamais niais, ou alors rarement, grâce au style épuré de Gay-para, qui a  très bien retenu la leçon de la littérature orale (rappelons que ses contes sont tous conçus à la fois pour être entendus en spectacle et pour être lus), et grâce à la cruauté douce-amère propre au conte, qui affleure constamment dans le recueil.

  Un seul reproche à ce merveilleux livre : la tendance à spoiler le contenu des histoires par leur titre. Mais c'est un détail.    

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