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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 15:21

  http://ecx.images-amazon.com/images/I/416veNUYKoL._.jpgComme je l'avais déjà évoqué , encore un livre que j'ai pris par hasard à la bibliothèque.

  Le nom de Henri Gougaud ne m'était pas tout à fait inconnu. J'avais déjà pris contact avec sa casquette de conteur en empruntant à une autre bibliothèque, celle de ma ville, deux de ses livres de contes pour la jeunesse parus chez Seuil : Contes d'Afrique et, je crois, Contes du Pacifique, mais ayant définitivement beaucoup de mal avec les délais de bibliothèque, a fortiori quand j'emprunte beaucoup de livres à la fois, j'avais du les rendre sans les avoir lu. Je ne connaissais donc pas vraiment l'oeuvre de Henri Gougaud, auteur dont le CV semble assez impressionnant, qui n'est pas seulement conteur mais poète, parolier pour Jean Ferrat, Juliette Gréco et Reggiani, et, ce qui nous intéresse  dans le cas présent, romancier. A noter que son tout premier livre, en 1977, soit trois ans avant Le Trouveur de feu, était un essai intitulé Démons et merveilles de la science-fiction, et cet attrait pour la essèfe explique bien des choses, en plus de celui pour les contes et légendes, à la lecture du Trouveur de feu, car ce roman, bien que relevant plutôt du merveilleux, de l'épopée mythique, a un esprit très science-fictif et de vraies-fausses allures de planet opera.

 

  Dans le pays de Maïni, pays de plaine compris entre la forêt-monstre, des marécages, un désert et des falaises, les Homlis, peuple débonnaire d'hommes velus, vivent dans une ignorance paisible de la manne du grand oiseau Toumbo qui passe chaque soir dans le ciel, tout en redoutant la poursuite des Dagans, peuple carnassier qui n'en est pas moins bien plus savant qu'eux, retiré dans leur citadelle au frontière du désert de l'Est. Jusqu'au jour ou le héros de cette histoire, un Homli du nom d'Izahi, découvre le moyen de tuer les Dagans. Une guerre se prépare, mais c'est sans compter sur le lien qui unit Izahi à Enlila, reine des Dagans.

 

     Une oeuvre relevant donc clairement du merveilleux et lorgnant vers la science-fiction, mais publiée néanmoins dans des collections de littérature générale (le Seuil dans les années 80, Points aujourd'hui) et qui malgré son imaginaire baroque semble séduire assez les prescripteurs de la "blanche" pour avoir poussé l'Académie francaîîîîse à lui accorder le prix Jouvenel en 1981. Voilà un statut hybride qui ne manque pas d'intriguer, qui se ressent clairement sur l'écriture du roman, et en fait une oeuvre difficile d'accés. Il y a fort à parier que malgré la prescritions des Immortels, les amateurs de blanche pure à s'enfiler dans les sinus pourraient faire la fine bouche devant l'irréalisme clairement assumé d'un récit beaucoup plus éloigné de nos préoccupations que la plupart des oeuvres SF mainstream, et les sci fiste et les fantasystes pourraient eux-même renâcler devant ce récit nonchalant dont, contrairement aux normes du genre, car ce n'est pas le but, l'univers n'est pas toujours bien expliqué, dont le sens profond n'apparaît pas clairement et dont le principal moteur est un style travaillé qui en fait un authentique poème en prose  d'un peu plus de 200 pages ; et ce même si, comme je l'ai laissé entendre quelques lignes plus haut, contrairement à d'autres "Grands Auteurs", Gougaud joue sans complexe le jeu de la SF et du merveilleux.  

  Moi-même, je ne cacherais pas voir eu besoin d'un certain temps d'adaptation avant de rentrer dans le récit. Il faut s'habituer au style très dense, nonchalant encore une fois, s'habituer à l'adjectivite et même à la "virgulite" aiguës. Le style est peut-être un rien trop dense, pas assez épuré, des informations importantes sont parfois cachées au coeur de phrases alambiquées, nécessitant une attention soutenue de la part du lecteur -pas vraiment une lecture de plage ou de métro, donc, même si je l'ai lu dans le métro, mais j'ai l'habitude d'y lire à peu près n'importe quoi. Et pourtant, on se laisse porter par le récit, parce que c'est beau, tout simplement. Par le style, bien entendu : on sent l'oeuvre du poète au sens propre du terme, l'auteur a un don pour les tournures de phrases étranges au possible mais belles. Mais le récit également est beau, énigmatique, poétique au sens figuré cette fois, et empli d'un souffle épique qui encore une fois étonne dans une oeuvre prescrite par la faction la plus officielle de la République des Lettres. Comme quoi il ne faut jamais désespérer. 

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