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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 23:04

http://www.surlarouteducinema.com/media/02/01/2801119626.jpg  Du réalisateur danois Dreyer, j'avais déjà vu, en ayant oublié qu'il s'agissait de lui, le film franco-allemand Vampyr (1932) chez-d'oeuvre expressioniste  à l'esthétique très particulière (il fut tourné avec une caméra donnant une image floue, à la suite d'un défaut technique dont le réalisateur apprécia le résultat). Le visionnage de ce film au cinéma (projeté en 16 mm !) fut une expérience pour le moins curieuse, hypnotique dans les deux sens, celui de soporifique et celui de fascinant, me laissant dans un état second auquel les conditions de projection (son très bas pendat  une partie du film, notamment) ont sans doute contribué.

 

  Je n'ai plus ressenti les même sensations une petite année plus tard, soit hier, à ma deuxième rétro ciné d'un film de Dreyer, Jour de Colère, donc. Mais je n'ai pas perdu au change en me prenant une grosse claque de manière plus lucide. 

  Ce film, le second tourné après Vampyr et quand même 11 ans plus tard, au Danemark cette fois, et adapté d'une pièce de Wiers-Jensen, prend place dans le Danemark  de 1623, période de la chasse aux sorcières dans toute l'Europe. Anna, jeune femme d'un vieux pasteur, tombe éperdument amoureuse de Martin, le fils de ce dernier, passion coupable dont il est dire sous-entendu, mais sans guère laisser de doute, qu'elle la ménera au bûcher.

  Le premier intérêt du film réside dans cette histoire d'amour coupable...parce qu'elle n'a justement rien à voir avec avec les histoires d'amour coupable telle qu'on en voit tant au cinoche. Nous n'avons pas vraiment un couple maudit qui finit seul contre tous, mais une femme maudite qui finit seule contre tous, ce qui est autrement  plus cynique, réaliste, et glaçant. Glaçant, le film l'est tout entier, jusque dans sa  mise en scène froide, lente (parait que la lenteur est une critique récurrente contre beaucoup de film de Dreyer dont celui-ci..allons donc),  presque dépouillée (je sais pas si on peut vraiment parler de mise en scène dépouillée avec cet effort de reconstitution historique, on dira au moins très sobre). Même la passion des amants, si elle est réelle et donne lieu à un beau dialogue déséspéré à l'occasion d'une promenade en barque, semble occuper peu de place dans le film comparé à l'omniprésence étouffante de la religion.

  En revanche, comme dénonciation de l'obscurantisme, le film est assez ambigu, et c'est là qu'il commence à être très dense : en  effet, si Anna est présentée avant tout comme une victime, il est fortement suggérée qu'elle est une vraie sorcière, sous l'effet conjuguée de son hérédité maternellme et d'une malédiction lancée avant le bûcher par la sorcière Marte qui a, justement, sauvé sa mère du même sort. Anna a peut-être des pouvoirs qui la mènent peut-être à causer la mort sans le vouloir, elle ne les contrôlent pas mais ils la fascinent, et la jeune femme n'est pas non plus dépourvue de cruauté latente, loin de là. Au niveau de cette question de la sorcellerie, il y a une hésitation typiquement todorovienne entre étrangeté explicable et fantastique (et auquelle l'esthétique expressioniste de Dreyer sied d'ailleurs à merveille). Mais sur le plan moral, l'ambiguité est plus grande encore, et on se demande vraiment comment Dreyer considére cette histoire de sorcière. A ne pas trancher entre rationalisme (on voit quand même bien la mascarade inquisitoriale et ses aveux bidons dans le procés de Marte) et obscurantisme, le film adopte une non-position qui en déstabilisera plus d'un et que d'aucun pourront trouver douteuse. Mais ce côté "pas très clair" est selon moi l'une des grandes forces du film, qui laisse le spectateur se faire sa propre opinion en le dérangeant au passage. Un film décidément étrange et intéressant.

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30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 21:48

http://lhybride.org/images/stories/2013/philippekdick/thanatomorphose_01.jpgFilm vu à l'occasion d'une improbable édition européenne du new yorkais "Philip.K.Dick film festival", qui a eu lieu...à Lille, dans ma résidence second...euh, je veux dire, à l'Hybride, cinéma qui a beaucoup alimenté les pages de ce blaugue.

 

Thanatomorphose, film hispano-canadien mais en fait surtout canadien car tourné en angliche, est un film que je n'ai pas apprécié tout de suite. Tenté de piquer un somme au début, tout juste à moitié convaincu à la fin, c'est en cogitant dessus le lendemain que je me suis rendu compte à quel point il était cohérent et pertinent dans ses choix, qu'il y a avait beaucoup à en dire, et je me suis dit que je n'y ai vu une certaine facilité auteurisante que parce que le film était difficile d'accés. Je pense qu'un second visionnage serait bienvenu, mais l'occasion est hélas hasardeuse pour un film aussi obscur. 

  Le scénario tiens sur un timbre-poste et on ne peut d'ailleurs pas vraiment parler d'intrigue : une jeune femme remarque, après une partie de jambe en l'air avec son compagnon, une tache noire sur son épaule, qui sera le début d'une maladie qui la fera littéralement pourrir vivante. Oui, c'est frais et léger comme l'été, et on peut davantage parler de film gore que de film d'horreur, mais d'un gore intelligent qui renoue avec tout le potentiel angoissant du genre : une méditation sur la condition humaine. Si.

  La force tiens du film ne tiens pas seulement dans ses aspect spectaculaires (le côté gore, très bien rendu pour un film que je suppose à petit budget) mais de façon moins évidente dans des choix de réalisation qui le rendent, comme dit plus haut, difficile d'accés. Déjà, il ne faut pas s'attendre à une intrigue suivie (oui je me répéte)  et pas davantage à un rythme trépidant. Il n'y pas vraiment de tension dramatique dans le film, juste la lenteur et l'avancée inexorable du pourrissement.

  Ensuite, la mise en scène très dépouillée semble a priori épouser les pires tics du cinéma auteurisant, "de genre" ou pas, avec notamment, avant de lancer les hostilités gores, un souci du micro-détails du quotidien  qui peut sembler du remplissage de la pire espèce...mais en fait il en va de ces scènes de "remplissages" comme de celles de  Soudain le 22 mai, de Koen Mortier, c'est à dire qu'elles ne sont pas gratuites, mais pour des raisons différentes du film flamand. Et pour accepter ces scènes, il faut en accepter la partie qui peut sembler la plus risibles, voir ridicules : avant de ne rien nous épargner côté gore, le film ne nous épargne pas non plus le couple qui ne cesse de se balader nus comme des vers dans leur appart, ni la demoiselle assise dans le même appareil sur le trône des WC...c'est que toutes ses scènes auront leur écho dans le cauchemar qui commence, et donne à rendre compte d'une réalité effrayante : la vie de la jeune femme prépare sa déchéance et celle-ci n'y change pas grand chose. Non seulement sa vie de personne à peu près en bonne santé n'est pas du tout reluisante, entre sa carrière d'artiste ratée qui ne lui apporte même plus de plaisir, sa vie amoureuse tout aussi merdique -pour une fois il est utile qu'une actrice ne soit guère expressive, pour suggérer la dépression qui la gagne- mais inversement elle fera tout pour garder les apparences de la normalité même en train de se métamorphoser en cadavre vivant, refusant d'aller à l'hôpital et tentant de poursuivre sa vie comme si de rien n'était, de retrouver un nouvel élan dans la sculpture, de vouloir encore séduire (l'occasion de s'aperçevoir que le film ne dédaigne pas l'humour noir), et gardant même des réflexes aussi ridicules que, entre autres, maquiller son visage en décomposition avancée.

  Ce cauchemar existentiel dont la maladie étrange n'est qu'une manifestation physique est rendu plus âpre encore par le huis clos dans laquelle se passe intégralement  le film, dans la maison de "l'héroine". Un détail qui se rappelle à nous à la fin, scellée par une scène tout à fait percutante, tant sur le plan symbolique sur sur celui de l'esthétique, entre surréalisme, poésie macabre poussée à l'extrême et humour noir déséspéré.

  Notons quelques plans mystérieux qui viennent complexifier le film, casser un peru sa trop grande linéarité et nous intriguer : des scènes trafiquées numériquement et assourdies de son noisy aggressifs, où se déroulent des faits dont on se demande s'ils sont purement oniriques, des scènes qui sans conteste le sont vraiment mais filmées de manières réalistes, un montage d'images d'animaux pourrissants pour encore nous enfoncer la tête dans la m*. On compte dans l'intrigue principale pas mal de plans flous, qui m'avaient aussi énervés  au premier visionnage (artifices branchouilles, selon mes préjugés cinéphiliques) mais qui contribue très bien à l'ambiance dégueulasse du film. Et comment ne pas dire un mot sur la musique ? Agrémentée d'emprunts au répertoire funèbre de la musique classique (ce qui ne manque pas de faire sourire au générique, probablement à dessein), son thème principal est composé, 'scusez du peu, pas les Black Angels, qui délaissent ici leur rock psychédélique (que je ne connais guère, à vrai dire) pour un petit air de violon strident très "musique contemporaine", utilisé très sobrement à certains moment clé du film, de quoi rendre ce thème plus frappant. 

 

  J'en viens à espérer une édition DVD francophone de ce film, au moins avec des sous-titres. Hélas, c'est loin d'être garanti. Je me demande même s'il y aura une édition DVD pour ce film auto-produit (oui ça n'aide pas) qui risque de sombrer trop vite dans l'oubli.

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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 18:30

  http://2.bp.blogspot.com/-YFjdcHPWomA/TdfH7GFERpI/AAAAAAAAAWg/OSxKCEHQ2PQ/s1600/le%2Bdirigeable%2Bvol%25C3%25A9.jpgLe Dirigeable volé est un film italo-tchèque réalisé en 1955 par Karel Zeman. Bien qu'il s'adresse en priorité à un public jeune -c'est dans une séance jeune public au sempiternel Hybride que je l'ai vu- il transcende largement  cette classe d'âge.

  Il s'agit d'une adaptation, parait-il, de Deux ans de vacances de Jules Verne, que je n'ai pas lu, mais j'ai trouvé l'intrigue étangement proche de L'Île Mystérieuse : même naufrage sur une île par les airs, même présence du capitaine Némo, il suffit de remplacer le vol d'un ballon par des prisonniers de guerre confédérés, par celui d'un dirigeable par cinq enfants pendant l'Exposition des Science et Technique de Prague en 1891. Cette transposition pourrait n'être qu'un moyen d'identification pour le jeune public, mais cela va plus loin que ça si l'on songe aux saynètes animées qui ouvrent le film, se déroulent à plusieurs époques de l'Histoire et montrent l'enfance bridée, le motif du doigt accusateur étant appellé à revenir plusieurs fois dans le film de façon ironique...car le film est bien davantage qu'un divertissement enfantin, il s'agit d'une ode à la liberté à travers celle que revendiquent les enfants (leur vol est motivé par le fait que l'inventeur leur a promis un tour gratuit mensongérement, pour attirer le public) et dans la satire qui l'accompagne, tout y passe : police, justice, armée, scientifiques roublards, presse à sensation...sans qu'il y ait pour autant de méchanceté dans cette satire d'une liberté de ton surprenante dans la Tchécoslovaquie de l'époque (d'autant plus qu'on y trouve un personnage de capitaliste -aventurier, certes- plutôt positif !).

 

  Car Le Dirigeable volé est avant tout un film très drôle, d'une drôlerie très burlesque qui confine à la folie douce. L'inspiration vernienne y est déclinée en machines farfelues, comme ces dirigeables à pédales et à rames (!) dont l'un sera inclue dans la panoplie de gadgets loufoques d'un agent (plus ou moins) secret aux compétences discutables. Pour le reste, impossible de rendre compte fidélement du vent de folie douce qui anime ce film sans y laisser aucun temps mort.

  Et côté esthétique, c'est tout aussi fou : le film combine des éléments déjà archaïques pour les années 50 (noir et blanc teinté...mais quel feu d'artifice aux moment opportuns ! Et ce même si le jaune reste la couleur dominante du métrage) et des éléments très en avance sur l'époque en ce qui concerne le mélange de prise de vue réelle et d'animation. Rappelons que Karel Zeman est à l'origine dessinateur, et l'essentiel des mélanges esthétiques du film consistent à intégrer des personnages dans des décors dessinés (anticipant par là sur la servaigraphie du film Taxandria) conçus essentiellemnt à partir d'illustrations des romans de Jules Verne, mais aussi à intégrer de véritables dessins animés et d'autres techniques d'animation comme les marionnettes...bref, un joyeux collages esthétique qui sert à merveille le délire du film.                 

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 17:33

  Encore une soirée Bon chic, mauvais genre, qui nous a présenté hier, de façon voulue, deux films sans grands rapport entre eux, si ce n'est la théma annoncé par le titre "Mettez du monstre dans votre couple".

 

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  On commence la soirée par un grand classique, Possession d'Andrezj Zulawski, le genre de film comme on ne peut plus en voir depuis le début des années 80 qui l'a vu tourner, l'un de ces films typiques d'une décennie face auquel notre Lynch paraitrait presque aseptisé.

  Marc, après, un voyage d'affaire aux motivation mystérieuses (il travaille pour une mystérieuse organisation aux allures de polices secrétes) rentre dans son appartement de Berlin-Ouest, près du fameux mur, pour rejoindre son jeune fils Bob et sa femme Anna. Mais la petite famille est au bord de l'implosion : Anna sombre dans la folie et quitte régulièrement le foyer, Marc apprend qu'elle a un amant, mais celui-ci se plaint aussi de ses absences.

  Les deux conditions à réunir pour visionner ce film sont, premièrment, un estomac bien accroché (l'interminable scène d'hystérie d'Isabelle Adjani / Anna dans le métro est ainsi à la limite du supportable, pour ne citer qu'un exemple parmi les plus criants), et deuxièmement, de ne pas être rebelle à un climat constamment frénétique et hystérique. Parce que dans Possession, tous les acteurs principaux sont fous à lier, et pas seulement Anna qui est juste un peu plus folle que la moyenne, mais aussi son mari, son amant (je devrais préciser : son amant humain), la mère de celui-ci. Cela donne un jeu paroxystique, ou les dialogues souvent obscurs sont tantôt chuchotés, tantôt hurlés, et accompagné d'une gestuelle extatique. L'exploration de l'âme humaine, de sa noirceur, gagne dans le thème de la folie une profondeur rarement vu au cinéma  (et Adjani un de ses grands rôles, l'un des trois ou quatre potables de sa carrière selon les propos malicieux du présentateur de la soirée).

  Je crois que le film ne peut en fait être apprécié que dans le contexte de sa culture, l'Allemagne (bon d'accord il est franco-allemand, mais sa VO est allemande -même si je l'ai vu dans une VF ce qualité  faite par les acteurs eux-même- ça se passe à Berlin, et l'esprit du film est typiquement germanique). Le jeu des acteurs peut rappeler aussi bien l'expressionnisme que les prestations habitées de Klaus Kinski, et l'exporation des tréfonds l'âme sonne elle-même très allemande. Et il y a le fantastique du film à être typiquement germanique, métaphysique et angoissant, avec le troisième (et véritable) amant d'Anna et son petit côté lovecraftien, cause probable de sa folie, mais aussi de celle de tout son entourage (à moins qu'il ne s'agisse en fait de sa conséquence ?). Un labyrinthe fantastique se tisse où tout est dans le non-dit, le mystère, enrobant ce labyrinthe d'une aura d'onirisme presque surréaliste. Le cadre se prête tout à fait à cette toile de cauchemar, cette Berlin-Ouest auquel le motif de la police secrète aussi mystérieuse que le tribunal de Kafka apporte une touche paranoïaque qui extrapole sur la présence du mur.

  Un film d'une grande beauté, tant du point de vue du fonds que de la forme visuelle (et même sonore, aussi déroutante), mais d'une beauté rugueuse et vénéneuse, flirtant perpétuellement avec l'horreur et à la répulsion, une beauté punk  pour reprendre encore une fois les termes des orgas de la soirée.

 

  Par comparaison, Splice de Vincenzo Natali parait fade, et se serait trouvé sans doute plus à son avantage à sa propre projo. Il faut dire que sans être un mauvais film, il n'atteint pas pleinement son but, mais commençons par le début.

  Splice, c'est une nouvelle histoire de savant fou, un jeune couple de savant fou en l'occurence, Clive et Elsa, deux généticiens créateurs d'hybrides, adulés des geeks au point de recevoir de nombreux dons d'ADN, chargé par la firme qui les emploie de se limiter à l'exploitation médicale de protéïnes animales avec interdiction de mener à bien leur projet plus ambitieux : créer un hybride humain aux potentialistés médicales immenses. Bien sûr, il n'en ferons qu'à leur tête, surtout Elsa qui mène le bal. Mais tout ne se passe pas comme prévu lorsque ce qui devait rester à l'état de foetus grandit à grande vitesse et sors de sa couveuse avant le terme, et plutôt brutalement : un être est né, et il va falloir en payer les conséquences.

  Le film compte de nombreux atouts. L'un d'eux  m'aurait échappé sans la présentation des films de la soirée : la peinture des savants fous, très différentes des clichés du genre. Ce sont ici des nerds, ils sont jeunes, séduisants et pas solitaires du tout, et loin d'être détesté, seuls et incompris dans leur tour d'ivoire. Le deuxième atout, et celui à partir duquel le bât commence à blesser faute d'aller jusqu'au bout, c'est l'évolution de la créature, Dren, et les rapports  qu'elle induit  avec ses créateurs. De larve, Dren, devient une créature féminine non dénuée d'une beauté ambigue malgré sa monstruosité d'hybride. Ses créateurs, et notamment sa créatrice, oscillerons d'une  attitude à l'autre à son sujet : de véritable fille, elle peut redevenir animal sujet d'expérience. C'est que Dren n'aide pas à la situation, imprévisible, intelligente mais dénué de parole et à la psychologie encore obscure, et menace d'être incontrôlable. Elsa n'a pas des motivations claires avec sa créature : si c'est elle qui serine son compagnon avec l'audace scientifique tandis qu'il se montre plus tiéde (et un peu plus falot comme personnage, malgré la justesse de jeu d'Adrien Brody, mais c'est pas le sujet), ses propres motivations en cachent de bien peu scientifiques. Et il y a d'autres ambiguités plus dérangeantes, qui améne Clive à jouer avec Dren une scène d'amour dont la poésie esthétique gomme ce qu'elle peut avoir de malsain.

  Le problème, c'est qu'après  avoir montré durant la plus grande partie du film une subtilité certaine dans le traitement du personnage de Dren et de sa relation à ses géniteurs, le réalisateur finit par flanquer toute la subtilité par terre. Le complexe de Frankenstein, malgré la finesse avec laquelle on le traitait déjà la bagatelle de 192 ans avant le film, est ici résolue par un vulgaire coup de théâtre horrifique digne d'une mauvaise série B, en tout cas certainement pas digne de ce qui précéde. Le propos du film se dégonfle par la même occasion, finissant par le rendre creux. Le ratage est d'autant plus dommageable qu'il se joue à peu de chose, mais suffit à priver le film de son sens.

  Est-ce pour autant un mauvais film  ? Certes pas. Mais il ne va pas au bout de son sujet et gâche son potentiel, ce qui est dommage. Puisqu'à ma grande honte je n'ai pas vu Cube, je peux au moins dire qu'on lui préférera Cypher du même réalisateur.         

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 09:04

 

Oui, c'est bien encore des soirées Bon Chic, Mauvais Genres que je cause.

 

Deux films très contrastés au programme. Pour le premier, The Fall de Tarsem Singh, réalisateur de The Cell, je vais devoir me joindre à l'indignation des organisateurs de la soirée. Comme pour le remarquable Uzumaki, découvert à ces même événements, ce film n'a jamais été distribué en salle en France, de manière tout ausi incompréhensible. Que l'on partage au non mon enthousiasme pour ce film, la situation est anormale quand les distrib' inondent nos salles de daubes qui n'ont pour la plupart même pas le mérite de marcher, comme si une flopée de demi-succés était préférable au fait de prendre un minimum de risques avec un film qui peut pourtant trouver son public.

 

  Fin du coup de gueule.

 

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The Fall, donc, relate la rencontre dans un hopital californien du début du XXème siècle  d'une petite fille d'origine indienne, Alexandria, et d'un cascadeur de cinéma muet, Roy, dont l'accident aux circonstances louches font penser à une tentative de suicide consécutive au départ de sa fiancée.

  Peu à peu, Roy, conteur suprêmement habile, emmène la petite dans un monde imaginaire, lui fait suivre l'épopée du bandit masqué et de ses cinq acolytes qui tous ont un motif de  vengeance envers le tyrannique gouverneur Odieux. Il y a l'ancien esclave noir évadé Otto Benga, il y a l'indien dont la "squaw" a été enlevé dans son "wigwam" (alors qu'il s'aghit d'un indien d'Inde !) et a fini par se suicider, il y a l'expert en explosif Luigi qui a été ostracisé, Charles Darwin lui-même  qui a reçu d'Odieux un exemplaire mort d'un papillon rarissime. S'y ajoutera après leur évasion de l'ile où ils étaient captifs, un mystique aborigène, réfugié à l'intérieur d'un arbre sur une terre autrefois fertile et brûlée par Odieux, et qui préserve un peuple d'oiseau dans son ventre.

  Inutile de s'en cacher, c'est le conte de Roy qui fait le premier attrait du film. D'une flamboyance flirtant volontiers avec la parodie, empli de morceaux de bravoures poétiques, parfois proprement surréaliste, il ne ne démérite pas des meilleurs Gilliam. L'esthétique tape-à-l'oeil de Tarsem Singh, tout en couleur vives et en costumes extravagants, si elle avait pu faire ricaner devant Immortels (je n'ai pas dérogé à la règle, même en n'ayant vu que quelques cap' du film)  est ici parfaitement réussie et en adéquation avec le film.

  Mais le conte donnerait un métrage finalement creux si le film ne la compliquait par l'imbrication du réel et la fiction d'une part (bien qu'il n'y ait aucune composante dickienne dans le film, ce qui est imaginaire le reste, sauf dans le jeu avec l'imaginaire d'Alexandria) et d'autre part la relation entre le conteur et son auditrice. C'est que le suicidaire Roy a des idées derrière la trête en captivant ainsi la petite fille qui ne se doute de rien du haut de ses cinq ans. L'ambivalence de leur relation trouve son incarnation dans le jeu fiction/réalité, le récit se montrant volontiers malléable aux suggestions d'Alexandria, mais y plane toujours l'ombre des fantasmes morbides de Roy et de sa quête qui l'est tout autant mais dont la menace est bien réel. Ce labyrinthe cauchemardesque aboutira à un climax éprouvant évitant de très peu la noirceur totale.

 

 

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Passons mainternant à un film plus classique, même s'il est parait-il un peu oublié apr mi els classiques de Joe Dante. Panic à Florida Beach, de son très crétin titre français, hors de propos (qu'est Florida Beach ?) et orthographiquement nawakesque (le titre original est Matinée), nous plonge avec une nostalgie évidente dans l'année 1962, à la suite d'une petite famille qui vient d'emménager dans la petite ville de Key West pour suivre le père dans ses déplacements militaires. Le plus âgé de leurs deux enfants, Gene, 15 ans, est passionné par le cinéma, spécialement les films d'épouvantes du ciné de quartier où il traine son trouillard de petit frère. A sa grance joie, le cinéma du coin recevra bientôt une de ses idoles, le productuers et réalisateurs Laurence Woosley, le Maître de l'épouvante. Celui-ci vient présenter son nouveau film,  Mants (l'Homme-fourmi) avec un procédé révolutionnaire dont il garde la surprise ; divers artifices qui font bouger les sièges, trembler les murs, refiler des joutes, et autres intervention d'acteurs déguisés.

  Mais un événement tragique vient contrebalancer cette heureuse nouvelle : c'est l'année du blocus de Cuba, le père de Gene doit partir au front, et toute l'Amérique vit dans la peur de l'Apocalypse nucléaire. Une peur bien plus réelle que celles des Hommes-fourmis, mais avec laquelle joue malicieusement Laurence Woosley, et aussi finalement, le réalisateur Joe dante lui-même (le patron de cinéma qui se bâtit un abri anti-atomique sous son établissment et confond le procédé de Woosely avec l'apocalypse est à cet égard savoureux). En 1993, il est facile de tourner en dérision cette peur très ancrée dans la guerre froide en la mettant sur le même plan que la science-fiction où les mutations radioactives sont utilisées à l'envi (gageons qu'en 2011, c'est moins facile...). L'ironie envers cette peur rejoins celle très tendre envers les sympathiques nanars, ce cinéma bis auquel Joe Dante rend hommage, et contribue à donner une image très décontractée de ce début des années 60 : la nostalgie y est, comme je l'ai déjà souligné, l'époque est vu comme résolument tournée vers l'avenir, optimiste, avide de liberté face au conservatisme américain (qui est présent dans le film d'une façon particulièrment désinvolte, car les seuls conservateurs sont des simulateurs aux service de Woosley). Le film n'échappe pas à un aspect teen movie avec les histoires d'amours de ses adolescents.

  L'horreur chère à Joe dante étant distanciée par une mise en abyme aux allures d' hommage, c'est une comédie rafraichissante que nous offre le réalisateur, qui montre qu'on peut faire des films futés sans tomber dans la sinistrose.

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 12:11

  J'avais déjà eu l'occasion de parler des soirées lilloises Bon chic, Mauvais genre, ici, ou encore là, cette fois pour chroniquer les deux films d'une soirée entière. C'est ce que je vais refaire pour la théma "sales bêtes" de ce vendredi, qui regroupait deux films très différents.

 

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Tout d'abord, Baxter, réalisé en 1989 par Jerôme Boivin, fait partie de ces films qui vous redonnent confiance dans le cinéma français, car il s'agit de sa meilleure partie, les films de genre réussis, ovnis trop rares dans notre paysage cinématophraphique français. A noter que le casting du film est presque entièrment composé d'inconnu oi quasi, c'est sûr que Baxter avec Depardieu et Auteuil, ça n'aurait pas eu la même gueule.

 

Baxter est un bull-terrier qui "pense" et par la voix off de laquelle une partie du film sera contée. Chien de la fourrière dont il garde des souvenirs traumatisants, il fait l'apprentissage de la vie parmi les humains auprès  de plusieurs maîtres successifs : une vieille dame aigrie jusqu'à la misanthropie qui sombre peu à peu dans la folie en s'enfermant chez elle avec lui, un jeune couple gnagnan qui attend un bébé, et enfin un jeune garçon fasciné par le nazisme, le couple d'Hitler et Eva Braun et s'improvisant un bunker dans une décharge.

  Contrairement à ce qu'on peut penser naïvement, comme moi, après avoir vaguement entendu parler du film (j'ai peut-être renseigné par un mauvais article aussi, mais cela remonte trop loin dans mes souvenirs), Baxter n'est pas une enième histoire d'animal philosophe jugeant les humains. On pas chez Disney, et Baxter ne les juge pas les humains, en fait, où alors selon de critères très animaux, primitifs et dénués de toute morale. Là est la plus grande réussite du film : restituer la pensée animale traduite en langage humain, avec une imagination et une habileté incroyable pour déjouer l'anthropomorphisme.

  Il n'y a pas vraiment d'opposition entre gentils animaux et méchants humains dans le film, plutôt un contraste, sans spécialement d'intentions moralisatrices inutiles, entre la cruauté primitive et "innocente" de Baxter, et celle plus compliquées du monde des humains, expression à prendre dans son ensemble, car c'est bien l'association des humains qui rend leur monde cruel, de façon plus ou moins active ou passive selon les individus. A ce titre, Baxter mérite bien d'être qualifié de film satitrique, avec une réjouissante galeries de portraits grinçants ou personne n'est à son avantage : la folie d'un ados pertrubé répondant à celle d'une vieille aigrie, et un personnage de père beauf particulièrement gratiné sont des cas extrême, entre lesquels les adultes sont au mieux falots, au point d'en devenir parfois lâche, notamment devant les responsabilités paternelles.

  A condition d'apprécier l'humour noir et grinçant, le film est assurément très drôle, surtout par l'humour noir involontaire de Baxter. Mais le film couvre un plus grand nombre de registre : les scènes sombres au frontières de l'épouvante, notamment  dans les souvenirs traumatisants de Baxter qui reprennent le troublant générique, et parfois de véritables moments de poésie, souvent sombre certes, dont le sommet est sans doute le dialogue fantasmagorique dans le cimetierre. Bref, même si l'ensemble du film peut sembler un peu décousu, manquer de fil rouge, il n'y là aucune raison de bouder son plaisir, mieux vaux au contraire se laisser porter par chaque bon mot, trouvailles, émotions.

 

  Phase IV est d'un genre tout différent. Film réalisé dans les années 70 par Saul Bass et sans aucun doute chef-d'oeuvre méconnu de la SF, Phase IV démarre sur le même point de départ qu'un banal film catastrophe : les fourmis s'organisent sur la terre, s'allient entre races et éliminent leurs prédateurs, et obligent finalement à évacuer le désert américain où démarre cette invasion et où s'érigent des fourmillières aux forme géométriques parfaites.

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Cependant, contrairement  à ce que laisse entrevoir la stupide affiche internationale que je n'ai pu m'empêcher d'afficher ci-contre, il ne faut pas s'attendre à un film catastrophe, même si nous en aurons pour notre argent avec une autre forme de spectactulaire. L'action se "résume" à établir, pour deux scientifiques réfugié sous un dôme, un contact avec les fourmis et comprendre ce qu'elles veulent. Le tout se passe en huit clos, nous devrions dire en double huis clos, car en face il y a la fourmilière, où la caméra nous plonge avec un réalisme spectaculaire et surprenant pour l'époque dans le monde insecte.

  Le rythme est lent, est pourtant le supense est implacable : les fourmis mènent une guerre sournoise aux scientifiques réfugiées dans leur station avec la jeune Kendra, rescapée du  massacre de sa famille, infiltrant les machines, construisant des miroirs thermiques pour tenter de les ébouillanter. Cette guérilla est rendue plus ambigue par le fait que les deux camps essaient de communiquer, et que le double enjeu est exprimé par les deux scientifiques : pour le chef de la mission, Hubbs, personnage assez troublant par sa froideur et ses écarts vers le language télégraphique qui le rapprochent de ses adversaires, il s'agit de faire peur à l'ennemi pour se faire respecter. Le jeune Lesko, quand à lui, ne jure que par l'intelligence des fourmis. Et il est toutefois évident pour tous deux que les deux tactiques sont poursuivies par le camps d'en face. C'est ce paradoxe que l'intrigue du film déroule avec une rigueur implacable, dignes des grandes heures de la SF spéculative, et la fin ne permettra pas de trancher clairement, presque surréaliste et ouverte à de multiples interprétations.

  L'esthétique du film sens bon les années 70, avec force couleurs psychédéliques pour représenter le point de vue fourmi, et une musique électroniques dont je ne jurerais pas qu'elle n'a pris pris une ride (sans doute pour cela que le film sera bientôt joué en ciné-concert, j'avoue ne savoir où ni quand précisément).  

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 23:48

  Compte-rendu de mon week-end ciné, suite et fin.

 

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Lars von Trier peux se vanter d'avoir créé le buzz en parlant de son futur film fin 2009. Déjà à l'époque, le public devait se faire à l'idée que le réalisateur le plus barge du cinéma danois ferait un "film catastrophe", mettant en scène la collision d'une planète nommée Melancholia avec la Terre, avec un budget de seulement 5 millions de dollars. Je ne pense pas, enfin je n'espère pas, être le seul à m'être demandé "mais comment va-t-il rendre ça crédible ?". Il faut dire, puisqu'il est devenu hors de propos depuis longtemps de cacher mon incultance cinématographique, que je ne connaissais Lars von Trier que de nom, que j'avais en 2009 une idée encore très vague des délires dont il était capable (même maintenant, il m'a fallu attendre ce dimanche pour apprendre que Dogville utilisait des décors figurés par des formes et des noms à la craie sur le sol, quand bien même je connaissais l'existence de ce film dés sa sortie) et que comme de bien entendu Melancholia a été mon baptême (et ça s'est très bien passé).

  Donc, comment rendre crédible un film catastrophe sur la fin du monde avec 5 millions de dollars ? Tout simplement en ne réalisant pas un film catastrophe.

  J'avais déjà lu avant visionnage, dans un article comme celui-ci, l'idée que le meilleur moyen de dépoussièrer un peu le genre ultra-balisé du récit-catastrophe était d'assumer le caractère auto-centré et même égocentrique (le mot est employé dans la chronique ci-dessus par l'ami Fred Combo, comme vous pourrrez le constater), de ce genre d'histoire. Le genre de chose qu'on oublie dans une production à la Roland Emmerich où l'ambiance "journal télévisé" l'emporter sur des personnages de toute façon complétement creux.

  Lars von Trier pousse à l'extrême ce principe d'égocentrisme, en décrivant les dernières heures de la Terre en huis clos dans une grande propriété isolée, sans même un contact médiatique avec l'extérieur, à l'exception de quelques recherches Google. Ainsi, non seulement nous ne verrons jamais la catastrophe, sauf dans les toutes dernières secondes du film, ce qui est encore normal, mais nous n'aurons aucune image de panique confinant à d'émeutes, d'autoroutes encombrées et de zapping sur flash infos. Non, juste une propriété bourgeoise isolée dont les quatres occupants finiront par parler, penser et souffrir au nom de toute l'humanité.

  Le film se divise en deux parties. Ou pourrait dire trois si l'on compte le générique, qui n'a rien d'un ornement futile, une successions d'images hallucinantes digne des surréalistes, magnifiés par leurs ralentis, et dont les versants réalistes seront semés tout le long du film, contribuant à tenir en haleine un spectateur qui aura bien besoin de cela au long de ce métrage extrêmement lent, où pour peu que l'on ne soit plus réceptif à l'action qu'à la contemplation, on pourrait penser qu'il ne s'est rien passé pendant deux heures (alors que la contemplation, quand elle est bien mené, n'est qu'une autre forme d'action, à faire pâlir un Van Damme).

  Les deux parties du métrage proprement dit seront centrées chacune sur un personnage, l'une des deux soeurs habitant la propriété, Justine (Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg). L'héroïne de la première partie, c'est Justine. Héroïne, c'est un peu le cas de le dire, puisqu'alors que personne ne parle encore de Melancholia, la propriété accueille des dizaines de personnes, et c'est à l'occasion de son mariage. L'heure qui suit sera une longue exposition d'une heure, mais allant assez à l'essentiel pour ne pas être ennuyeuse. Davantage que de découvrier le milieu huppé particulièrement conformiste et rasoir qui environne les soeurs Claire et Justine, cette partie nous permet de cerner les principaux personnages, ceux qui seront livrées à eux-même dans la seconde partie centrée sur Claire et où planera l'ombre de la planète : Justine, dépressive instable, pouvant passer de l'euphorie à la dépression et avoir des comportements surprenants, et qui n'est évidemment pas fait pour ce mariage (à voir le benêt qu'on lui flanque entre les pattes, aussi...).  Elle le prouvera d'ailleurs en ruinant superbement dans la soirée même et le mariage et sa promotion professionnelle ; son beau-frère, le mari de Claire, incarnation du confromiste bourgeois qui les entourent, qui prend les lubies de Justine de façon très personnelle et tient pour des raisons très triviales (tout n'est finalment question que d'investissement) à ce mariage mais aussi au bonheur obligatoire de Justine ; Claire, qui balance entre ces deux certitudes ; et enfin, leur fils Léo, qui gardera son insouciance d'enfant durant tout le film en faisant confiance aux adultes, au point de ne même pas sembler atteint par la menace de Melancholia.

  Et la deuxième partie, en huis clos à quatre personnes sous l'ombre de la planète, sera la suite logique : le mari de Claire persuadé que Melancholia n'atteindra jamais la Terre, Justine, dont la dépression frôle un moment la catatonie, persuadé que la vie est mauvaise et que son anéantissement sera une bonne chose, et Claire s'angoissant faute de n'avoir aucune de ces certitudes (et Léo qui se fiche toujours de tout, bien sûr).

  Cette apocalypse en huis clos prend alors tout son sens : les personnages symboliques, la coïncidence entre le nom de la planète et la maladie de Justine, tout cela donne au film l'allure d'un récit mythique, le genre de récit où il est tout à fait normal que quelques personnages remplacent une humanité entière.

  Qui dit récit mythique dit simplicité, d'où l'obligation de ma part de spoiler à peu près toute l'intrigue si je voulais parler du film sérieusement : l'intérêt n'est pas dans la surprise. Sur cette trame minimaliste, c'est dans la mise en scène et dans l'ambiance qu'on attend von Trier au tournant, et en effet nous auront notre comptant de scènes sublimes (déjà avec le générique...). Le lever de Melancholia salué par le reveil nocturne des oiseaux est par exemple un pur moment de poésie. D'ailleurs, transition très facile pour parler de la BO, puisqu'il s'agit, excusez du peu, de Tristan et Isolde de Wagner.

  Mais il y a une deuxièlme chose qu'on attend au tournant, ce sont les acteurs : ils sont l'une des grandes forces du film. Kirsten Dunst en particulier a l'occasion de briller par la peinture à la justesse effrayante de la dépression que lui fait interpréter von Trier.

 

  Un film déroutant, assez dificile d'accés, qui en prenant prétexte d'un argument science-fictif pour parler de thèmes qui ne le sont guère (de quoi faire hurler certains puristes de la essèfe, mais bon), à la fois plus proches de notre monde contemporain et d'un intemporel mythique, fait triompher au cinéma un genre dont il est très à la mode depuis quelques années de parler en littérature : la transfiction.       

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 23:18

  Il va encore me falloir faire aveu d'incultance : je ne connais pas grand-chose, peut-être moins que la moyenne de ma génération, au cinéma Japanim' (sans blague, avec l'incontournable Miyazaki  et un seul autre Ghibli, le premier Ghost in the Shell, Steamboy de Katsuhiro Otomo et Amer béton de Michael Arias, je dois avoir à peu près fait le tour). Ce fut donc un plaisir de soigner mon incultance avec un week-end dédié, dans un cinéma d'art et essai que j'affectionne, au grand  Satoshi Kon, avec la projo de Millenium Actress suivi le lendemain de PAPRIKAAAAAAAAA (mais pourquoi je crie comme ça moi ?).

  Cette authentique expérience devrait d'ailleurs être prochainement suivie du visionnage de Perfect Blue, d'où le numéro I dans le titre de cet article.

  Ah, j'ai omis de préciser que la double projection se plaçait dans le cadre d'une théma rêve (la même que  Rêves de Kurosawa ), de quoi rappeler que le rêve est le thème de prédilection du réalisateur, et c'est bien ce que j'ai pu vérifier à la vue de ces deux films.

 

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Lançons donc les hostilités par Millenium Actress...comme le titre le laisse deviner, l'histoire d'une célèbre actrice, Chiyoko Fujiwara, retirée du monde dans ses vieux jours depuis une trentaine d'année, et qu'après la démolition de son légendaire studio, viennent visiter le réalisateur de documentaire Genya Tachinaba  et son caméraman. Leur documentaire sera bien plus excitant  que tous deux ne se seraient jamais imaginé de prime abord, lorsque Tachinaba rend à celle qu'il faut bien appeler son idole une mystérieuse clé, celle qui ouvre "ce qui est le plus important". Il semble qu'il faille comprendre par là la passé de l'actrice, dans laquelle tout trois se trouvent à plonger.

  La plongée commencent effectivement dans l'enfance de Chiyoko, ses débuts d'actrice, sa rencontre avec un peintre fugitif dont après son exil en Manchourie elle n'aura plus qu'une idée en tête : le retrouver.

  Puis les choses se compliquent quand la clé permet de passer dans un second cercle, les propres film de Chiyoko. Quand je dis que cela compliquent les choses, c'est que le réalisateur ne se contente pas de nous promener d'un monde à l'autre, mais entame le véritable sujet de son film en brouillant les frontières entre réel et fiction (il commence en fait avant l'immersion dans un métrage de Chiyoko) et là, tout est fini, la tuerie commence.

  L'égarement tourne autour d'un élément central : l'obsession de Chiyoko pour le peintre fugitif, qu'elle rechercerchera toute sa vie tout en ne se souvenant même pas de son visage (de fait, le spectateur ne le distingue jamais). Un tel argument semble a priori bon pour un film à l'eau de rose, étayée par l'aveu de Chiyoko qui dévorait les magazines féminins et leurs romances dans sa jeunesse, et le fait que retrouver le jeune homme soit la principale motivation de son premier tournage en Manchourie...du coup, j'ai vu sur la toile des chroniques du film qui, sans vouloir en aucun cas contester leur droit d'être négative, semblait avoir raté en grande partie l'interêt du métrage en prenant un peu trop au premier degré cet argument romantique.

  En vérité, ce cliché cinématographique, car il s'agit bien de cela, n'est que d'un prétexte au réalisateur pour construire son labyrhinte. En effet, la quête de Chiyoko se reproduit par un hasard irréaliste dans ses films, dans des scènes de tournages qui ne nous sont bien sûr pas tout de suite révélées comme telles, de sorte qu'il est pour ainsi dire impossible d'en reconstituer la trame réelle. Sans entrer dans des détails oiseux, qu'il me soit permis de citer un exemple assez étonnant : une double scène où la rencontre de Chiyoko et du fugitif se reproduit, avec une importante divergence dans la suite, dans un film d'aventure se situant dans le Japon médieval.

  D'autres éléments viennent encore compliquer le labyrhinte : le leitmotiv du tremblement de terre, dont je préfére laisser la surprise (trop compliqué à résumer de toute façon) et qui offre la plus vertigineuse imbrication fiction/réel. Ou bien, sur un registre plus drôle, les interventions de Tachibana lui-même dans les films de Chiyoko, afin de sauver son idole ; entre sa maladresse et les anachronismes qu'il fait intervenir (un revolver en plein Japon médieval, par exemple), il appelle une délicieuse  interrogation sur l'état initial, en son absence, des films où on ne sait même pas s'il remplace un quelconque personnage.

  Bref, le labyrhinte du film et des films qu'il contient interroge le rapprot entre la réalité et le rêve, mais pas au sens où l'entend la science-fiction depuis Dick : plus qu'une réflexion sur le pouvoir du virtuel, Millenium Actress est tout simplement une réflexion sur l'Art, qui reviendra dans Paprika, également à travers le cinéma.

  Ce qui implique que le film soit également une déclaration au cinéma, et que les mises en abymes soient une oeuvre d'art à part entière, et non un banal élément d'intrigue. Les mondes imaginaires dans lesquels nous voyageons consistent en extraits de film dont nous ne saurons rien, dont nous ne savons même pas déterminer si certains ont la même origine (avec cette improbable quête commune, forcément...) et cette hermétisme leur confére une poésie particulière (j'ai été particulièrment subjugué par la scène de dialogue avec la sorcière, qui revient d'ailleurs en manière de leitmotiv dans le film). Pour ceux (et celles) que trouveraient que Satoshi Kon aurait pu montter plus d'imagination dans son prétexte à nous égarer qu'une histoire d'amour un peu mièvre, cela est contrebalancé  par le fait que Chiyoko joue la guerrière dans ses films. Ce thème concourt à leur aspect inattendu, comprendre par là le décalage avec ce qu'on prête à des films des années 40-50 ; ici, dont les plus anciens sont même censés être des films patriotiques, argument explicitement avançé par le directeur du studio devant la rigide mère de Chiyoko, hostile au métier d'actrice...et dont on peut douter du bien-fondé devant ces épopées sauvages et sensuelles où les femmes mènent la danse ; le décalage est renforçé sur le plan esthétique, les extraits de films étant en couleur quand les images d'archives historiques (où l'insertion de l'image Chiyoko est également travailéle, mais j'abrège) sont en noir et blanc, et étant en outre assortie d'une de ces bande-son techno-trance chère au réalisateur (je parle bien de Satoshi Kon, non parce que je me rend compte qu'il y a risque de s'y perdre, pour des raisons évidentes qui doivent réjouir le Monsieur)  ; en somme, on est toujours dans le cinéma  populaire un peu kitsh, mais plus proche des critères actuels du kitsh que ceux de l'époque à laquel ce cinéma est censé appartenir, et on dirait bien qu'il y a encore là prétexte à nous égarer.

 

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Après ce feu d'artifice, que dire du  plus délirant encore Paprika ?

  Bon, on peut déjà commencer par le résumer : l'équipe d'un centre psychiatrique est confontée à un événement plutôt fâcheux : le vol des DC Mini, machines conçues par l'équipe afin de plonger dans les rêves des patients et comprendre leurs névroses, et dont le vol pourrait être dramatique. Parmi l'équipe, le docteur Atsuko, laquelle plonge dans les rêves sous l'identité de son alter ego délurée, Paprika. Elle sera la première à constater pour ses frais un élément inquiétant: les rêves ne commençent pas seulement à se mélanger les uns aux autres, mais à se mêler à la réalité. Oui, miam.

  Bon, comme à la différence de Millenium Actress ce film relève du genre SF, je vais être obligé de faire une parenthèse didactique, oui je sais que je suis chiant avec ça, mais d'abord c'est MON BLOG, je fais C'QUE J'VEUX.

  C'est à l'aune du thème des mondes virtuels, dont l'inspiration a priori est sans limite, que l'on mesure à quel point la essèfe est bien plus frileuse au cinéma qu'en littérature -il est bien connu dans le milieu qu'elle traine un solide retard thématique, qui certes se comprend par la difficulté essentiellement financière de monter un projet SF. Si l'on considére que le monde virtuel dans son ensemble offre autant de potentialité que le rêve, des films comme la trilogie Matrix ou, pour faire dans la références plus classieuse, Avalon de Mamuro Oshii ou ExisteinZ de Cronenberg peuvent déjà, éventuellement, sembler tiède. Que dire d'Inception de Nolan, dont le thème est sensiblement proche de celui de Paprika, au point de rendre la comparaison inévitable ?

  Pour ne pas vous cacher ma mauvaise foi, j'ai aimé tous ces films à des degrès divers, mais ça ne m'empêche pas de penser qu'en comparaison avec l'explosion initiée en littérature par quelqu'un comme Philip.K.Dick, le cinéma manque un peu de cet épice (Paprika ? Pardon, réminiscence d'une scène du film, voyez-le, merde) que les nerds appellent sense of wonder.

  (Bon, dans les grandes références, j'ai pas vu The Cell, mais quelque chose me dit qu'il n'égalera pas le film de Satoski Kon).

  De fait, Paprika détonne tant le film est une véritable fête de l'imagination et de sens. Le labyrhinte onrique n'est pas du forcément l'interêt central du film, il m'a en tout cas semblé carrément plus vertigineux dans Millenium Actress, mais les images de Paprika sont tous simplment stupéfiantes, puisant à une véritable inspiration surréaliste telle que l'on en a vu que fort exceptionnellement au cinéma. Les rêves ressemblent tantôt à du Dali, ou du Max Ersnt pour la monstruosité, voir à du Topor (en tout cas, l'idée m'est venu spontanément, c'est bon signe), tantôt à des formes  plus contemporaines  comme le pop surrealism américain et son chef de file Mark Ryden , pour les scènes hallucinantes mettant en scène la marche des jouets. Les textes ne sont pas en reste, car les personnages devenant fous, à moins qu'ils ne soient simplement dans le lieu qui le permettent, c'est à dire leurs rêves, ont tendance à se montrer doué pour des improvisations poétiques qui semblent droit issues d'un recueil d'André Breton.

  En voyant que ce blog compte deux catégorie "surréalisme", l'une en litté et l'autre au ciné, et que la première est celle qui sur le site compte le plus d'articles (21) à l'heure actuelle, vous imaginez aisément que ce catalogue d'idée ne m'a guère déplu. Et le luxe, c'est quand même que tout cela a une intrigue, rigoureuse comme celle d'un thriller, dépassant ce genre même par la spéculation science-fictive ; ainsi la tension monte jusqu'à un climax final où, là, on se prend vraiment le sense of wonder en pleine poire.

  Bon, je vais quand même me calmer avec le sense of wonder, car cette expression, qui n'est pas seulement récupérée par la culture SF en général, mais en particulier par une élite marginale de la SF depuis, notamment, un gigantesque débat intellectuel vieux d'à peine deux ans et que je vous épargne, cette expression ambigue pourrait entrainer des malentendus. Pour les nerds les plus puristes, le sense of wonder, c'est à dire le vertige provoqué par les spéculations de l'imagination, n'aurait guère d'interêt, tout comme le genre SF dans son ensemble, s'il ne visait à nous ouvrir les yeux sur la place de  l'homme et de la science dans l'univers, sur la vie, la mort et le reste. Aussi pertinente, sans ironie aucune, que soit cette association, elle me semble d'autant plus l'arbre qui cache la forêt que l'expression a également été associée à l'Âge d'Or des pulps, donc au divertissement exotique et facile. Et le problème de Satoshi Kon, c'est qu'il ne rentre ni dans l'une ni dans l'autre de ces cases.

  Il y a bien une once de réflexion scientifique dans le film, à travers un jeu de faux-semblant pas franchement imprévisible visant à nous montrer que ceux qui se réclament juste de la prudence dans la science sont moins dangereux que ceux veulent la proscrire, ce genre de connerie quoi. Cela ressemble en vérité davantage à une leçon de morale (qui a au moins le mérite d'être progressiste, comme l'est de nos jours toute bonne SF depuis que la hard science et l'essor de la culture geek ont dissous nos anciens complexes civilisationnels), qu'à une véritable réflexion. C'est que l'interêt du film n'est pas là : comme je l'ai dit, il a de commun avec Millenium Actress d'être une réflexion sur l'Art, et plus précisement, le cinéma. Le cinéma, c'est la passion du personnage du détective Konakawa, et cette passion n'inspire pas seulement ses rêves, mais offrent une garde partie de clés de l'intrigue onirique. Les DC Mini elles-même ressemblent davantage à de l'art qu'à de la science, leur inventeur étant une espèce de geek infantile designé comme un génie, qu'on jugerait plus inspiré que rigoureux. Finalement, ce n'est pas un hasard si les références plastiques citées ci-dessus me sont venus en tête dés visionnage. La conclusion du film ne laisse d'ailleurs aucun doute  sur ce qui intéresse le plus le réalisateur, entre le cinéma et la science.

  C'est d'ailleurs à se demander la raison précise qui a poussé Yasutaka Tsutsui, l'auteur du roman Paprika, à commander l'adaptation de son roman à Satoshi Kon...après avoir vu Millenium Actress. On dirait qu'il y a là comme une rencontre d'inspirations.   

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 23:36

http://cinemacritique.fr/wp-content/uploads/2011/04/Detective-Dee-32598.jpg 

Detective Dee et le mystère de la flamme fantôme  est le dernier bébé de Tsui Hark, réalisateur célèbre pour avoir donné une autre dimension de spectacle au cinema hongkongais avec la série des Il était une fois en Chine. Bon, je vais encore étaler mon incultance : je n'ai vu aucun de ses films.

 

  L'intrigue prend place en 690, alors que la Régente, veuve de l'Empereur, s'apprête à devenir la première et unique impératrice de l'Histoire de la Chine, ce qui soulève bien des complots en guise de contestations. L'assession au trône est bien compromise  quand le chantier d'un Bouddha géant en face du palais (détail de l'intrigue à l'historicité douteuse, mais on s'en fout un peu de l'Histoire dans ce film, j'aurais l'occasion d'en parler plus en détail) est endeuillé par deux morts mystérieuses par combustion interne. Sur les conseils du Cerf sacré, par la voix duquel parle de Grand Prêtre, la Régente décide de sortir des prisons impériales le Juge Dee (oui, c'est bien du Juge Ti de la célèbre série de romans à plusieurs mains qu'il s'agit) emprisonnés pour rebellion contre la régence, afin qu'il résolve cette affaire. L'enquête commence donc, avec l'aide de la belle Jing Er, Grand Officier de la Régente, et de Dong Laï qui représente le Temple Suprême.

 

  Bon, pour entamer la chronique de ce film, autant commencer par la question que tout le monde attend : est-ce que oui ou non on s'en prend plein la g* avec cette (très) grosse production chinoise ? La réponse est oui, bien sûr : entre les costumes et décors, la choré des combats, le montage léché bien éloigné de celui, épileptique, trop à la mode dans les blockbuster d'Hollywood et d'ailleurs depuis quelques années, les effets clipesques utilisés avec parcimonie au point d'avoir réussi à attirer ma tolérance bienveillante (oui, à mon corps défendant, ça sembler passer mieux chez moi avec Tsui Hark qu'avec -attention Point Godwin- Zack Snyder)  il est clair que Tsui Hark pense bien à nos mirettes. Pour être franc, il y a quelques effets visuels qui ne m'ont pas du tout convaincu et m'ont donné l'impression, si je suis me permettre, d'une légére carence budgétaire par rapport à la démesure du projet (attention, je ne suis pas en train de traiter Detective Dee de nanar tiers-mondiste fauché, loin de là) mais dans l'ensemble, le spectacle est jouissif.

 

  Pour autant, dissipons tout de suite les malentendus : on est très loin du film pop-corn. D'abord parce que Tsui Hark soigne son univers.

  Je l'avais déjà  un peu sous-entendu avec l'affaire du Bouddha géant : malgré la qualité de reconstitution, il ne faut absolument pas voir le film comme un film historique. Même si je n'ai pas la prétention de m'y connaitre en Histoire de l'Orient en général, dés  la première scéne, la visite du chantier par un ambassadeur Omeyyades parlant [espagnol ???], en pleine Chine de 690, m'a laissé un peu dubitatif, tout en me disant que ça avait son petit côté spectaculaire, et c'est en effet le but privilégié. Car Detective Dee n'est pas un film historique, mais une authentique fantasy historique, où les guerriers dont on se demande d'où ils tirent leur force -rien qui ne dépaysera les amateurs de l'envoûtant Tigres et Dragons, et ses successeurs qu'il faudra bien que j'explore un jour, ça me rappelle que j'ai Le Secret des poignards volants dans ma DVDthèque depuis, ouf, au moins- où ces héros côtoient une magie omniprésente, qui semble parfaitement commune dans ce VIIème siècle chinois. Le Cerf parleur, interpréte du Grand Prêtre, m'a surpris dans la mesure où aucune bande-annonce ne m'avait préparé à cet élément merveilleux,  que les chargés de com' ont peut-être bêtement jugé infantilisant -bon point pour la surprise. Et ce n'est que le début de l'exploration d'un univers étonnant qui culmine avec la ville souterraine du Marché Fantôme, l'une des images qui parviennent à insuffler une véritable poésie imaginative à laquelle les grosses productions d'Hollywood et d'ailleurs nous ont un peu fait perdre l'habitude.

  Ensuite, le dernier gros atout du film, propre à en faire un spectacle haute de gamme, ce sont ses personnages. Non pas que les trois acolytes ou la Régente aient une psychologie particulièrement fouillée. Mais ce sont des héros à la carrure tragique, presque shakespearienne. Grâce à eux et à leur destinée, le film dépasse les statut  de blockbuster d'action et d'aventure pour atteindre la dimension de l'épopée, avec une grande flamboyance. D'autant plus que les acteurs sont très bons, comme j'ai pu m'en rendre compte en VO -je ne garantis rien pour la VF, que je ne connais pas. Il est dommage qu'une ou deux petites incohérence d'intrigue, que je ne dévoilerai pas, cassent un peu l'ambiance épique, mais celle-ci n'en reste pas moins sublime.

 

  La preuve est faite qu'il n'est pas besoin de faire dans le cinéma d'auteur post-moderne-trucmuche plus ou moins convaincant pour faire un grand film. En bref : Detective Dee c'est bon, mangez-en.   

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 19:43

 

Ce vendredi 8 avril dernier a eu lieu à Lille une soirée ciné spéciale Japon, joliment intitulée "30 millions de Tsunamis, faites irradier de bonheur  le coeur de votre centrale."

  Si pour le second film, le baroque et déjanté Baby-cart II : l'enfant-massacre, j'attendrais de recevoir le coffret de l'intégrale de la série en DVD, je peux au moins pourfendre l'injustice qui s'acharne sur le premier film, Uzumaki.

 

  En  effhttp://cf1.imgobject.com/posters/01a/4bcbcbf8017a3c0f3400001a/uzumaki-cover.jpget, Uzumaki d'Higuchinsky est sorti au Japon en 2000, mais une injustice malheureusement banale  fait qu'en dehors de la soirée lilloise dont je parlais, où une unique bobine 35 mm a été projetée, il n'a pas été distribué dans les salles de ciné françaises. Il s'est donc contenté d'une sortie en Direct to Video, groupé avec un autre film parait-il médiocre (je jugerais par moi-même) mais quand même dans une collection dirigée par Jean-Pierre Dionnet, c'est déjà ça.

   Cette absence de distribution est d'autant plus incompréhensible qu'Uzumaki est un merveilleux OVNI dans le ciel du film d'horreur japonais, dont les histoires de fantômes à la Ring ou à la Darkwater sont déjà un peu devenu un cliché.

 

   Uzumaki est une adapation du manga éponyme de Junji Ito, dont le titre a été traduit Spirale en français, et dont l'intégrale rejoindra ma pile de lecture dés sa parution le 18 mai prochain.

  Dans la petite ville de Kuro Uzu, une lycéenne, Kirie, est l'une des première à constater des événement étranges : elle surprend le père de son petit ami Scuichi filmer un escargot, premier signe d'une fasination maladive pour le motif de la spirale. Cette folie déclenche peu à peu une épidémie de suicide ou intervient toujours le motif de la spirale, et auquel se joint une autre épidémie : des métamorphoses en escargot.

  On voit qu'Higuchinsky a dégotté un script déjà bien barré à la base. Et la façon dont il l'adapte au cinema est tout à fait merveilleuse.

  On peut tout à fait voir le film avec les exigences d'un bon film d'horreur japonais. Pour cela, le cahier des charges est rempli en terme d'ambiance déliciseusement anxiogène. Mais le film va plus loin.

  D'abord, pour commencer par le plus évident, par l'univers complétement surréaliste, qui permet au réalisateur (d'après le mangaka ?) de déballer une inventivité  en roue libre : celle plutôt peu macabre des suicides, mais aussi celles des métamorphoses, que le réal a le bon goût de ne pas résumer à une invastion d'escargot géants, loin s'en faut. Visuellement, c'est un régal, que dis-je, un orgasme cinématographique.

  Et par-dessus, il y a la mise en scène. Dés les dix premières minutes, entre le générique macabre et l'irruption d'un prétendant lourdingue de Kirie filmé sans dessus-dessous, le spectateur se demande dans quel univers il est tombé. La mise en scène d'Higuchinsky est expérimentale au dernier degré, les cadrages et montages bizarre se succédent entre deux passages filmiques plus posés (il faut bien que le spectateur respire), et pourtant on ne tombe jamais dans l'excés de l'épate, tout parait au contraire naturel, toujours au service de l'intrigue et non l'inverse. Uzumaki est le genre de film qu'on regarde en osant à peine cligner des yeux de peur de rater un plan de ouf. 

 

  Pour ceux qui recherchent passionément des films déjantés, Uzumaki  est sans doute ce qui se fait de plus délirant tant du point de vue de l'univers que de la mise en scène qui le sers. Ruez-vous donc sur cette petite merveille avant que la distribution DVD ne l'abandonne à son tour. 

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