Mes derniers billets sur Laurent Genefort datent bien d'un an et demi (hop et hop). Depuis, j'ai bien lu dans la belle intégrale du cycle le premier roman d'Omale, mais j'ai ensuite inexplicablement abandonné ma lecture du cycle selon une manie de versatilité qui caractérise mes lectures, et je projette dés le départ de ne chroniquer ce cycle que lorsque je l'aurais lu en entier. Je le reprendrais probablement depuiss le début, incessamment sous peu, en clôture de l'énorme cycle de lectures genefortiennes que j'ai commençé mardi et qui va déjà me donner matière à chronique, car je me suis enquillé pas moins de sept romans de l'auteurs en six jours.
En dehors de la trilogie des Chants de Felya, regroupée dans une belle intégrale revue et corrigée par l'auteur chez Critic, ces romans, tous parus orginellmenr chez Fleuve Noir, sont principalement des one shot mais cette expression est relative car ces romans peuvent être considéré comme faisant partie d'un large cycle, ou du moins d'un univers commun dont fait aussi partie le cycle d'Omale, celui des Portes de Vangk, du nom des artefacts légués par une civilisation disparue et mystérieuse et qui permettent à l'humanité de passer instantanément d'un système stellaire à un autre et d'ainsi coloniser la galaxie.
Le premier roman, le plus épais, c'est Les Opéras de l'espace, réédition parue le mois dernier d'un roman publié originellement en 1996 chez Fleuve Noir sous la forme d'un dytpique, puis réuni en un tome chez le même éditeur trois ans plus tard. Le titre peut sembler pas franchement original,mais c'est que l'epxression space opera est ici prise en quelque sorte au pied de la lettre : Le héros, Axelkahn, est un chanteur d'opéra qui perd sa voix divine à la suite d'un défaillance des implants vocaux que lui ont greffé les Yuweh, la mystérieuse confrérie de terraformeurs de monde. Brutalement ruiné, Axelkahn ne voit plus qu'une solution : chercher un Yuweh qui se serait enfonçé quelques décennies auparavant au coeur des Bulbes Griffith, gigantesque artefact spatial composé d'immenses globes creux, autre héritage ders Vangk. En commençant son voyage sur le réseau de téléphérique à travers le monde rude des bulbes, Axelkahn se met en tête de constituer une troupe de théâtre.
Si j'ai dévoré ce roman au point de faire une nuit blanche dessus, il a d'abord fallu que je peine un peu sur la première cinquantaine de page. C'est que le monde de la Rosace où débute l'histoire n'est pas très intéressant, monde de stations spatiales aseptisé, image de la médiocrité bourgeoise qui convient tout à fait au personnage antipathique qu'est Axerlkahn avant de commencer son parcours initiatique, un "divo" capricieux et arrogant à l'excés. L'idée d'un richard qui se rétrouve dépossédé de tout et remet tous ses espoirs dans un voyage dangereux qui n'en a pas vraiment, d'espoir, posséde une grande force. Et c'est bien sûr arrivé aux Bulbes Griffith que les choses sérieuses commencent.
L'univers des Bubles Griffith est tout en paradoxe : on ne peut pas dire qu'il est chatoyant, il est plutôt gris, marqué par la misére et a violence, et pourtant la luxuriance de détails avec lequel il est peint procure un très étrange dépaysement, d'autant plus facilement que ce roman d'aventure se montre très inventif dans les péripéties, jusqu'à un final éclatant où le le mondes des bulbes se fait moins sinistre, alors qu'auparavant, on a l'impression que seul la troupe de théâtre y met un peu de couleur.
Trransition facile vers l'autre grand atout du roman, les personnages. Comme dans Omale, premier roman du cycle du même nom, l'auteur montre un réel don pour les dynamiques de groupe, avec ces individus qui fraternisent mais sans empêcher des tensions de subsister. Le personnage d'Axelkahn correspond tout à fait à cette ambiguité, car il est lent à réformer son caractère et garde des côtés antipathiques, à commencer par les raisons très orgueilleuses et égoïstes qui le poussent à fonder sa troupe...et à la mener au mépris du danger qu'elle court au coeur des Bulbes Griffith.
Reste que la dynamique de groupe entraîne en même temps la principale faiblesse du roman. Cela tient au choix tout à fait louable de l'auteur d'introduire des personnages de marginaux déclassés, et parmi eux des handicapés mentaux. Le problème étant que l'auteur ne parvient pas vraiment à faire exister ces derniers et les trois handicapés mentaux ont tendance à se faire oublier, quand ils ne sont pas rappelés constamment à l'esprit d'une manière artificielle comme le personnage de Tick. C'est là le principal bémol, bien plus que des défauts stylistiques comme le jargon tehcnologique très présent dans les vieux Fleuve Noir de l'auteur, que je mettrais à ce roman par ailleurs excellent.
Vient ensuite, dans mon ordre de lectuere, l'une des trois réditions genefortiennes aux éditions Critic, Le Sang des immortels. Ce roman originallment paru en 1997 revisite l'une des plus vieille histoire du monde : la quête de l'immortalité. Ici ne narrateur est engagé comme guide par quatre individus aux motivations différentes -un mercenaire envoyé par une multimondiale, un chasseur, un ancien prêtre illuminé et une anthropologue- pour les guider à travers la dangereuse jungle de la planète Vérfébro jusqu'au Drac, créature semi-légendaire dont le sang est censé apporter l'immortalité -bien que pour l'anthropologue, il s'agisse plutôt de prouver la non-existence du Drac.
Le Sang des immortels est davantage axé sur l'aventure pure que le roman précédent -il est d'ailleurs deux fois plus court- les personnages sont plus archétypaux, ce qui ne l'empêche pas d'être un space opera très intelligent comme tous ceux de l'auteur. L'univers est chatoyant et en même temps consistant, que ce soit dans la faune et la flore et, un peu plus discrètes dans ce roman-ci, les sociétés humaines. Point spécial d'inventivité pour la maréselva, la forêt qui pousse sur la mer et sur laquelle flotte aussi bien des villages tribaux que des montagnes (oui, vous avez bien lu). Les péripéties sont également très inventives avec des héros plein d'astuce. Et ce même si la quatrième de couverture pourrait s'abstenir de comparer l'univers du roman avec celui d'Avatar.
Les Peaux-épaisses, deuxième réédition genefortienne chez Critic, sent un peu plus l'oeuvre de jeunesse (il date originellment de 1992). Il met en scène le jeu du chat det de la souris entre deux mercenaires : Lark, un ancien Peau-épaisse, ces humains génétiquement modifiés pour résister aux conditions de travail dans le vide spatial, a décidé de raccrocher et de rejoindre les siens, et ça tombe bien, car le clan qui l'a vendu à la naissance l'appelle tout de même à la rescousse contre l'ancien élève de Lark, Roko, qui à la tête d'une bande d'autre mercenaires est chargé d'éliminer le clan devenus témoins gênant dans cet univers où les Peaux-épaisses sont considérés comme des animaux et chassés comme tels pour leur peaux qui servent de combinaisons spatiales.
De tous les romans chroniqués dans ce billet, celui-ci est le plus tourné vers l'action. L'univers est bien moins dépaysant que d'autre du même auteur : pendant une bonne moitié de ce court roman, on voyage à travers la galaxie dans un cadre principalement urbain qui vaut davantage pour la description de sa corruption que pour un véritable exotisme. L'essentiel du dépaysement repose sur la société au centre du roman, celle des Peaux-épaisses, qui réservent de belles pages de cette verve ethnologiquequi caractérise l'auteur, même si elles occupent relativement peu de place dans le récit.
Le roman est également intéressant pour certains de ses personnages : ainsi celui d'Anson, ethnologue attaché aux pas de Lark, peutr faire croire au premier abord à une énième variation du sidekick, mais il n'en est rien, il s'agit un de ce personnages de marginaux fragiles que l'on retrouvent dans Les Opéras de l'espace. Les autres personnages sont plus archétypaux, mais entre la bande de pourris de Roko et Lark qui pour être plus sympathique n'en a pas moins un passé trouble, ce sont des gueules, qui ont une présence forte.
Le principal bémol réside dans la construction maladroite, l'intrigue est déséquilibrée et décousue. Comme je le disais plus haut, il s'agit manifestement d'une oeuvre de jeunesse, et sans doute d'un Genefort mineur, mais il vaut mieux un petit Genefort qu'un grand Brian Herbert (oui, je sais, aucun rapport).
Une Porte sur l'éther, le plus récent des livres ici chroniqué, du moins dans leur édition originale (il date de 2000, sachant que je c'est dans une réédition chez J'ai lu que je l'ai découvert), est basé sur une idée étonnante : un des artefacts légués par les Vangk, l'Axis, consiste en un tube de diamant de plus de cent-vingt-mille kilomètres de long joignant les atmosphère de deux planètes, Favor et Dunaskiste, et servant de vecteur au pollen d'une plante précieuse, l'ambrozia. Ses parois sont en outre colonisés par une faune et une flore spéciale mais aussi par des humains, des "primitivistes", ces hommes qui dans l'univers des Portes de Vangk se sont forgée une culture de type primitive -on les retrouve dans Le Sang des immortels- mais ces primitivistes sont menaçés par la guerre que les deux planètes leur livrent en même temps qu'elles s'apprêtent à se la livrer entre elles. Le roman entrelace deux intrigue : nous suivons d'un côté le diplomate Jarid Moray, personnage récurrent de Genefort semble-t-il, envoyé pour résoudre le conflit, et de l'autre la jeune Hutsuri, d'un clan primitiviste, embarquée dans une enquête sur les attaque de Dunaskiste qui prépare un génocide.
Le roman est une grande réussite du point de vue de la restitution du monde l'Axis, la verve ethnologique de l'auteur y éclate encore plus que son imagination pour ce qui relève de la faune et la flore. Les peuples ne sont en outre pas présenté de manière manichéenne : les axiens ne sont pas seulement des victimes mais traînent leurs lourdes casseroles dans la guerre qui se prépare et ont autant d'atout en main pour une grande dectruction, avec le vol d'une bombe, que les deux planètes.
On retrouve la même absence de manichéisme dans la trilogie du Chant de Felya, dernière rééditon de l'auteur chez Critic, parue à l'origine entre 1995 et 1996 mais ici très revue et corrigée par l'auteur selon ses propres dire, même si je ne sais pas en quoi consistent ces corrections (leur doit-on le fait que ces romans comportent bien moins de jargon technologique que les autres Fleuve Noir chroniqués dans ce billet ?).
Les personnages de cette trilogie passe leur temps à fuir, que ce soit Lorin et sa compagne Soheil dans les deux premiers roman (Le Labyrinthe de chair et De Chair et de fer), où plus tard leur fille orpehline dont le nom donne son titre au dernier tome, Lyane. Fuir aussi bien les coutumes cruelles des primitivste de la planète Felya, qui exile Lorin et persécute Soheil dans le premier roman, et trahiront encore Lyane dans le dernier, que la FelExport, multimondiale qui écrase la planète de sa domination coloniale. Pas de manichéisme donc, même si les ravages de la "civilisation" sont les plus profonds.
Ces romans sont très courts -la trilogie pèse un petit 500 pages toute mouillée- mais aussi très denses, que ce soit dans l'aventure ou la description fascinante d'un autre monde. Les cultures primitivistes dsont peut-être le mieux rendues de tous les romans chroniqués dans ce billet, leurs mythes le plus approfondi.
Par contre, la quatrième de couverture survend un peu la triologie en nous laissant entendre qu'il s'agit du récit d'une révolte primitiviste menée par Lorin et Soheil. A se demander si après la quatrième du Sang des immortels, les éditions Critic n'ont pas voulu encore une fois surfer sur le succès d'Avatar, auquel ce pitch fait fortement penser...En fait, la révolte, le fait d'ouvriers et non de primitivistes, gronde en sourdine le long du troisième roman et n'éclatera jamais sous nons yeux, relatée de manière très indirecte et restant en suspens à la fin de la triologie qui n'est du tout centrée sur elle. Lorin et Soheil n'en sont pas les déclencheurs, pas plus que leur fille Lyane, et c'est justement l'un des points les plus subtils de la trilogie : des leaders, cette révolte semble n'en avoir tout simplement pas besoins. Et qiuand je dis que la quatrième de couverture survend la triologie, c'est tout relatif : cette dernière se passe très bien d'un récit de révolte épique, les destins et aventures de quelques individus suffisent largement à la rendre passionante, malgré quelques défauts comme la fin du deuxième roman qui comporte trop d'invraissemblances.
Déidément que du bon dans cette grosse fournée de Genefort, malgré quelques défauts mineurs. Allez, je me replonge dans Omale.