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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 21:33

  Plus de deux semaines après avoir remonté une ancienne chronique d'oeuvres de Fred en manière d'hommage posthume le jour même du décès du dessinateur, je me retrouve à prolonger cet hommage, non pas de manière gratuite qui pourrait paraître obséquieuse et/ou morbide, mais parce que l'oeuvre de Fred lui survit et qu'il s'avère que j'ai de nouvelles oeuvres à chroniquer.

 

  http://bdi.dlpdomain.com/album/9782205037418-couv-I400x523.jpgLe première, la seule que j'ai lu avant le décès du Monsieur, mais que je jugeais trop mince est isolée pour justifier une chronique à elle seule, est tout simplement le dernier album de sa série-phare, déjà chroniquée sur ce blog, Philémon.

  Le Train où vont les choses, de son titre, a été achevé, après bien des pérégrinations, pas moins de vingt-cinq ans après l'avant-dernier, Le Diable du Peintre. J'ignore comment il a pu être reçu par les fans de la première heure de la série, mais en ce qui me concerne, ayant découvert cette dernière il y a tout juste quatre ans, en retrouver l'univers en fut un plaisir.

  Les difficultés, liées à des problèmes de santé, avec lesquelles Fred a bouclé pas à pas cet album se ressentent un peu sur l'oeuvre finale : celle-ci ne fait que 37 pages, dont les 7 dernières sont occupées par...les 7 premières pages du Naufragé du A, l'album qui ouvre, sinon la série Philémon, du moins les aventure sur l'archipel des lettres qui en sont devenu indissociables. D'aucun, mal réveillés, pourrait trouver ce procédé un peu putassier, j'ai trouvé pour ma part que ce flash-back placé en conclusion de la série (l'album était annonçé d'emblée, dans son bandeau de librairie comme dans sa préface, comme le dernier) servait magnifiquement l'ambiance de ce dernier album qui, on le comprend aisément, est résolument tourné vers la nostalgie ; en couleurs grisées par rapport à l'album d'origine, ces planches font partie du dernier des récits d'aventures passées narrés par leurs héros, qui n'ont rien de radotages de viexu et de jeunes vieux, mais sont pleinement justifiée par un argument d'intrigue que je ne dévoilerais pas.

  Concernant les trente pages du récit proprement dit, j'ai encore moins de raison d'en dévoiler la teneur que pour les quinze albums précédents dans ma chronique ci-dessus. Essayez simplement d'imaginer ce que peux nous tirer Fred de son cerveau en prenant au pied de la lettre l'expression du titre, et dites-vous que ce sera toujours à cent lieue de ce que vous avez imaginé.

 

  http://tricotbd.free.fr/bd/bdgalerie/ttt/images/TimeIsMoney11.jpgCet album m'avait déjà donné envie d'explorer la dernière pierre angulaire qu'il me restait à explorer de la prolifique oeuvre de Fred, j'ai nommé la trilogie Timoléon (Ils voyagent dans le temps pour de l'argent, dans ma vieille édition, sachant que comme comme pour bien d'autres oeuvres de Fred il n'en existe plus de neuve pour l'instant), réalisée en collaboration (chose plutôt rare) avec Alexis. Je n'ai hélas mené ce projet de lecture à excécution qu'après le drame récent.

  Cette série est particulière dans la carrière de Fred puisqu'ici il n'est exceptionnellement pas le dessinateur et n'assure "que" le scénario auquel Alexis prête son crayon. Le moins qu'on puisse dire et que cela dépayse un peu : le style n'a plus ce côté faussement rudimentaire mêlé d'éblouissante amusettes graphiques. Il est plus carré, et en même temps résolument réaliste et très minutieux, sans tomber dans la technique impeccable mais sans âme, dont rien ne dépasse, qui caractérise beaucoup de BD actuelle, notamment grâce au travail sur la couleur qui sent quand même pas mal les années 70.

  Un dessin moins délirant, donc, mais au niveau de l'intrigue, ça reste du Fred, rendu plus particulier encore, finalement, par le changement de dessin.

  L'histoire en est celle d'un représentant en très farfelue machine-à-vapeur-pour-rouler-les-cigarettes-sans-se-fatiguer, qui tape à la porte du château d'une espèce de vieux savant fou inventeur d'une machine  à voyager dans la temps, qui veut se démarquer des voyageurs précédents (Wells, Valérian) en en menant pas ses expédition pour l'aventure, mais pour l'argent. Chaque album est prétexte à une nouvelle mission, tantôt dans le passé pour acheter la Joconde à Léonard de Vinci (Time is Money) tantôt dans un futur lointain (Quatre pas dans l'avenir), tantot au temps d'Attila en compagnie d'un neveu de l'inventeur bien plus crapuleux que lui (Joseph le Borgne)...des aventures qui s'avéreront bien entendu calamiteuses du point de vue des résultat, mais jouissives pour le lecteur devant les délires de l'intrigue.

 

  Il n'y a pas à dire, si Fred nous a faussé compagnie pour rejoindre, espérons-le, on ne sait quelle lettre de l'Océan Atlantique (oui, j'avoue, cette jolie formule n'est pas de moi), il nous aura laissé une oeuvre intarissable pour mieux supporter ce monde cruel. 

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