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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 01:02

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Depuis le temps que je tiens ce blog, entre les chronique faites aussitôt après lecture / visionnage et celles d'oeuvres découvertes des années avant l'ouverture dudit blog et dont je tiens à tous prix à parler, il y a le juste milieu, beaucoup plus ballot : les lectures et visionnages récents dont j'oublie de parler. Là, pour La Visite du Sultan des Indes sur son éléphant à voyager dans le temps (ouf) de Jean-Luc Courcoult et Quentin Faucompré, l'oubli me semble soudain une injustice qu'il me faut réparer même deux mois après lecture, déjà car l'oeuvre risque d'être une proie facile dans la jungle du marché du livre (on me souffle d'ailleurs dans l'oreillette, pendant ma recherche d'image, qu'il n'est déjà plus dispo en neuf sur Amazon. On est bien peu de chose) ensuite parce que c'est bon, tout simplement. Et puis ça me permettra de sortir l'un des plus long titres d'article du blog avec celui-ci , la classe.

 

  D'abord, c'est quoi ce truc avec un titre improbable ? Un roman illustré, dessiné par Quentin Faucompré  et écrit par Jean-Luc Courcoult, directeur de la compagnie d'arts de rue nantaise Royal de Luxe. Je ne connaissais rien à cette compagnie, ni aux arts des rues en général. Quelques vidéos Youtube et Dailymotion, visionnées après lecture de l'album (et que je vous invite fortement à aller zyeuter vous-même) ont bouleversé ma vision de ce dernier domaine artistique. Il faut dire que ce dernier est largement formaté à l'heure actuelle, souvent monopolisés par de jeunes étudiants bobos qui idolâtrent autant l'art qu'ils ne savent pas le pratiquer. Non pas que je condamne les formes les plus simples d'art de rues : je me souviens avoir passé un moment enchanteur devant le spectacle de marionnette d'un artiste lillois dont c'était le gagne-pain (pas de l'événementiel bobo, donc) à une séance dont le public concourrait autant au charme que l'inventivité du monsieur.

  Mais Royal de Luxe, ce sont juste des spectacles de rues comme on a peu l'habitude d'en voir, du spectaclaire à gros moyen, avec ses marionnettes gigantesques, de la démesure peut-être plus qualifiée, en fin de compte, pour accrocher le badaud que jouer deux notes à la gratte.

  Et le roman illustré donc...il s'agit, bien entendu, de l'histoire de personnages de la compagnie, dont j'ai pu au moins reconnaitre sur les vidéos l'éléphant du titre et la petite fille géante. J'ignore dans quelle mesure l'histoire a pu préexister à cet album, ou bien dans quelle mesure ce dernier a pu jouer sur le mystère enrobant les spectacles. Peu importe, trop éloigné de Nantes, j'ai peu de chance d'assister en personne à ces spectacles et cela me force à juger l'album pour lui-même uniquement.

  L'histoire débute donc aux Indes en 1905, lorsque le Sultan voit en rêve une petite fille géante capable de voyager dans le temps. Obsédé par l'idée de retrouver cette mystérieuse enfant, il se fait fabriquer un éléphant à voyager dans le temps où il embarque avec toute sa cour, ses cinq femmes, son eunuque aux redoutables secrets, et le narrateur, journaliste. La grande troupe fera le tour du monde et parcourera un siècle, jusqu'à arriver en 2005 à Nantes, patrie d'origine de Royal de Luxe. Sur le chemin, outre la terre ferme, elle visitera le fond des mers, les airs dans un éléphant ceinturés de ballons, et la Lune (rien à voir avec son envol pour cette dernière, car la Lune se trouve dans les flancs de l'animal).

  Pour définir le charme qui se dégage de ce récit, il va falloir que je proscrive un mot, celui qui commence par poé- et finit par -sie. On ne fait pas plus cliché comme appréciation aujourd'hui : le mot qui commence en poé- et finit par -sie me donne l'impression de remplacer une argumentation plus construite, surtout dans des domaines tels que le cinéma d'animation, le cirque, certains spectacles populaires ou, bien sûr, les arts de rue, autant de domaines où la sottise critique en font des pléonasmes (à tel point qu'on est bien embêté quand on veut invoquer ce nom en P de manière un tant soit peu crédible pour parler de, mettons, quelqu'un de la trempe de Miyazaki. Mais bref).

  Donc, la meilleure chose à dire sur La Visite... c'est que si vous voulez  de la fantaisie déjantée, vous ne serez pas déçus. L'itinéraire du voyage vous en a donné un aperçu, mais seule la lecture du livre peut donner une idée précise de sa joyeuse imagination. A titre d'exemple, le portrait des cinq femmes du Sultan est un petit bijou surréaliste.

  J'ai également été agréablement surpris par l'humour noir que le livre ne s'interdit aucunement, avec la cour du Sultan largment décimée pendant le voyage : voilà qui contribue à nous éloigner du cliché des domaines artistiques concernés par le mot en P. Noir ou pas, l'humour est de toute façon très présent, volontier pince-sans-rire, entretenu  avec le plus grand flegme par le narrateur. 

  Par contre, vous remarquerez que je parle essentiellement du texte : les illustrations de Quentin Faucompré m'ont laissé froid, sans que je puisse dire si cela ne vient pas de moi ; toujours est-il qu'elles ne m'inspirent pas grand-chose, et comme elles sont purement ornementales, sans incicence sur le texte, je suis passé, peut-être un peu vite.

 

  En définitive, le genre de livre dont on finit par oublier la qualité à l'heure acutelle : léger dans être fade, tranchant à la fois avec les best-sellers niais, et avec la profondeurs intellectuelle post-moderne-trucmuche qui a trop tendance à devenir obligatoire dans nos littératures de l'imaginaire. Mais il est bon de se rappeller que la fantaisie gratuite, ça fait du bien de temps en temps.

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