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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 19:20

 

Mon précédent article sur ce grand artiste de la revue Metal Hurlant et de la BD franco-belge se devait d'être complété, ne serait-ce que par défaut de mémoire et d'un revisionnage attentif, je ne m'étais pas aperçu que le clip amateur Youtube que j'y avais posté ne comportait pas que des extraits des collaborations avec Dionnet, mais aussi de son dernier chef-d'oeuvre fantasy (et dernier chef-d'oeuvre tout court avant son décès), issu de la collaboration avec le grand Jodorowsky, le cycle de Diosamante. J'avais été trompé par le noir et blanc curieusement adopté par l'ensemble de la vidéo, et dont il m'étonnerait qu'il vienne d'une édition du cycle : celui-ci constitue en effet, sous l'impulsion de Jodorowsky, un rite de passage dans la carrière de Jean-Claude Gal qui apportera un nouvel élément à ses chef-d'oeuvres graphiques : la couleur.

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/Zoom_Planche_BD/5/4/6/9782731622645_2.jpg

 

 

  Les collaborations avec Dionnet m'avait déjà habitué à une beauté que je qualifierai de glacée : les histoires sont flamboyantes, mais détachées de nos préocucupations modernes, peuplés de personnages dont la psychologie est supplantée par un statut mythique. C'est le genre d'histoires qui ne trouvent leur véritable intérêt qu' au service, et non l'inverse, d'un graphisme comme celui de Gal 

  Avec Jodorowsky, c'est pire ou mieux, selon le point de vue. L'un des fers de lances du psychédélisme des années 70 montre qu'il n'a pas grandi au débuts des années 90, et toute l'histoire du cycle de Diosmante ne se contente pas de verser plus souvent qu'à son tour dans le new age, mais est marqué par l'excés permanent.

  Dans La Passion de Diosamante, premier tome du cycle Diosamante, incarnation de l'orgueil, est une reine à la beauté si envoûtante que tous les homes du royaumes délaissent totalement leur femme pour s'entretuer afin de la posséder au jour du Nouvel An. Le vainqueur ultime n'a qu'un bonheur provisoire, puisque la reine finit par lui arracher le coeur.

  Mais, on se demande bien pourquoi, le royaume va mal, incapable de se défendre contre les barbares qui le pillent en permanence. Un vieilliard aveugle révèle alors à la reine l'existence du Roi Urbal, plus fort et plus sage qu'elle. Après avoir  expédié ad patres le porteur d'une nouvelle si désagréable, Diosamante décide de se rendre à la cité d'Urbal tuer le Roi. Mais elle se rend compte que celui-ci, à l'image de sa cité à la richesse et à la beauté incomparable, est effectivement bien plus fort et plus sage qu'elle, et peut même être qualifié de Demi-Dieu. La plus grande force du roi n'est pas sa magie elle-même, mais le sentiment qu'il inspire à la Reine pour la première fois dans la vie de cette dernière : l'Amour. Décidé à être digne de son amant, la Reine se bande les yeux pour devenir aveugle, et part sous la mise d'une nonne mendiante afin d'atteindre les plus hautes cimes de la spiritualité.

 

http://www.sceneario.com/Planche_bd_14084_DIOSAMANTE.jpg 

Cette quête intiatique improbable pourrait sembler friser le ridicule à ceux qui ne sont guère branchés sur les délires mystiques. Sans aller jusque là, c'est personnellment le genre d'histoire que préfére toujours lire dans un texte ancien, du genre Mahâbhârata indien  (épopée dont il faudra que je reprenne et termine la lecture un jour, d'ailleurs) que dans une réécriture moderne. Mais vous devinez comme moi ce qui fait passer le pilule, un peu comme, au dire de l'ami Nébal, le style d'écriture fait passer tout seul l'excès permanent de Lovecraft : les dessins de Jean-Claude Gal, magnifié par le passage réussi à la couleur (bien que je préfére pas celle-ci au noir et blanc : les deux se valent selon moi).

 

  J'ai oublié de dire un mot de l'édition que j'ai lui, intégral de du cycle publié comme pour Les Epopées fantastiques chez les Humanos :  il s'avère que le décès de Jean-Claude Gal a laissé le cycle inachevé au milieu du deuxième tome, Les Enfants de Diosamante (dont est extrait la planche ci-dessus). L'album a été achevé par Igor Kordey au dessin en 2002 seulement, mais alors que cet album est déjà indisponible, les Humanoïdes associés ont opté pour un choix plus déférent envers Jean-Claude Gal, que certains d'entre vous sont libre de voir comme une forme de purisme : ôter les continuations, la remplacer par un synopsis et, surtout, les planches inachevées issus de l'atelier de Jean-Claude Gal, où se trouvent tous les degrés de l'inachèvement jusqu'aux études servant à préparer les dessins, et où on comprend mieux que travail a pu justifier, par exemple, d'attendre sept ans entre les deux tomes du cycle d'Arn.

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