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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 15:02

http://www.actusf.com/spip/IMG/jpg/Blackbook01.jpg 

C'est pas pour dire, mais ça commençe à bouger depuis quelques années dans le monde de la fantasy, avec pas mal d'oeuvres orginales dont les créateurs francophones ont nom Jean-Philippe Jaworski, Justine Niogret, Paul Béorn, Fabien Clavel.

  Certes, Les Loups d'Uriam de Philippe Tessier, premier tome de la trilogie des Chroniques de Tire-d'Aile (j'en vois qui rigolent, dans le fond) n'est pas non plus la grande Révolution du genre. Le canevas en est ultra-classique : un trés jeune élu destiné pour ainsi  dire à sauver le monde, partant en quête au sein d'un équipage hétéroclite. Mais avant de partir en courant, rappelons-nous que c'est à peu de chose prés le canevas de Dark Crystal. Il serait bien sûr ridicule de comparer Les Loups d'Uriam  au somptueux film de Jim Henson, mais un petit quelque chose les rapproche quand même dans un certain esprit poétique.

 

  Car ici l'élu, justement nommé Tire-d'Aile, est une marionette en bois créé par la puissant magicien Saule. C'est lorsque son Gepetto est capturé par les soldats de l'Empereur et que lui-même doit partir en quête des growls, les fameux hommes-loups d'Uriam, que s'ajoute une compagnie tout aussi peu commune : les deux amies de Tire-d'Aile d'abord, c'est à dire son araignée de cristal  et la flamme vivante qu'il doit protéger à tous prix, puis s'y joignent  un loup bavard, une petite fée de la rosée, une femme-ombre, un souvenir d'homme invoqué pour les guider par la route des nuages, et d'autres compagnons encore aprés une dissolution temporaire de la bande, dont un confrére de Saule et un trappeur qui a emprunté leurs capacités physiques aux loups.

  Ces personnages colorés, qui semblent d'abord sorti d'un bon vieux Disney  et dont l'équipée a d'ailleurs un peu de la naïveté trés théâtrale d'un dessin animé, connait une assez impressionante progression. Ainsi le loup Nacre évolue-t-il de faire-valoir drôlatique en personnage dramatique clé, Ombre est-elle dés le départ un personnage ambigu dont le sort, qui la contraint à se dresser contre ses amis, fait basculer une partie du récit vers la noirceur tragique ; Tire-d'Aile lui aussi a une carrure de personnage tragique, trés jeune innocent sur lequel pése une destinée trés lourde à porter, à cent lieues de l'Elu sans peur et sans reproche.

  Cette insolite compagnie évolue dans un décor à sa démesure, un monde où la magie est omniprésente, où vit toutes sortes de créatures féériques, depuis les esprits élémentaires jusqu'aux sylphes, aux pégases et aux géants. Un monde où l'on construit des mines dans le gouffre où ses couchent l'une des lunes, où chacun voit au quotidien le Phenix allumer le soleil et la Dame de la Nuit l'éteindre.

  C'est justement dans l'évocation de ce monde merveilleux que se situe le principal défaut du roman, lequel reléve du style. Même si les passages ridiculement ampoulés comme on en voit trop en fantasy sont rares quoique présents, la principale maladresse d'écriture réside au contraire dans une trop grande concision, ou pour parler plus franchement un cruel manque d'emphase épique dans les passages qui en ont le plus besoin, un manque qui ôte tout immersion réaliste au texte et  fait du lecteur un spectateur un peu décalé.

 

  Néanmoins, pour ceux qui saurons faire abstraction de ce défaut (ce qui peut être difficile, j'en conviens) ce premier tome des Chroniques de Tire-d'Aile reste un excellent divertissement, original, frais et léger, de cette  fraicheur et cette légéreté qui ne sont pas si courants en fantasy.

 

  Pour clore cette chronique, la voix d'ActuSF : link   

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