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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 16:09

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51P6mzz0H%2BL._SL500_AA300_.jpg 

Je viens enfin de relire cette petite merveille découverte il ya quelques années déjà.

 

  S'il fallait s'en tenir à un synopsis d'une ligne, Là où vont nos pères de Shaun Tan, c'est l'histoire d'un immigré laissant femme et petite fille au pays et tachant de s'intégrer le mieux possible dans son pays d'accueil. Au risque de provoquer des points Godwin, le thème de l'immigration ne m'a jamais fait lire quoi que ce soit, surtout que je n'ai pas l'âme d'un bobo attiré par les sujets de société, fussent-ils sous leur forme la plus réchauffée, et il me faut pour cela une vision neuve et originale. L'album de Shaun Tan entre dans cette dernière catégorie.

  Le lieu dans lequel arrive le personnage principal anonyme pourrait être reconnu, à quelques indices, comme Manhattan via Ellis Island. Mais un Manhattan transfiguré comme un lieu connu pourait l'être dans nos rêves, où l'architecture a l'onirisme de Dali et où la faune domestique rapelle Michaux, où la langue n'est même pas écrite avec l'aphabet latin.

  Ce mélange entre délire surréaliste, qui éclate dans toute sa splendeur dans les images en pleine page ou double page, et repères connus de notre monde, crée le sense of wonder caractéristique de l'album. La transposition n'est pas grossière, car il n'est pas si évident de faire correspondre des épisodes de l'histoire mondial avec les souvenirs des autres immigrés avec lesquels se lient le personnage principal -rencontres qui, par la chaleur humaine qu'elles véhiculent, contribuent à donner une image pas misérabiliste pour un sous de la condition d'immigré.

  Puisque j'ai parlé plus haut  de la langue  mystérieuse du pays d'accueil, faisons tout de suite le lien avec ce qu'il est quand même temps d'évoquer  : l'album est entièrement muet, un choix qui n'est évidemment pas une coquetterie. Si comme je l'ai dis la BD est trés loin du misérabilisme, on est pas pour autant dans l'angélisme, et le probléme de la langue est le premier que rencontre le personnage. Une saynéte assez frappante le montre d'ailleurs, durant sa recherche de travail, perdre un travail de collage d'affiche pour les avoir toutes collé à l'envers.

  Des effets graphiques, puisqu'après tout faute de dialogue tout repose sur eux, viennent appuyer la peinture de ce quotidien pas folichon à défaut d'être vraiment sombre :  ainsi les neuf dixième de la bande sont constitués de cases carrées et régulières, qui créent une impression de monotonie qui peut être rebutante, en tout cas entraine la lassitude, à la première lecture. Il m'a fallu un certain temps, pendant même l'écriture de ce billet, pour saisir l'effet voulu afin de rendre une monotonie quotidienne que viennent intelligemment rompre certaines cases ou pages.

 

 A mon sens, une bande dessinée qu'il ne sert à rien de lire pour le thème de l'immigration, qui a peut-être beaucoup participé à son succès, mais sur lequel on n'apprendra rien de neuf ; Là où vont nos pères est surtout un petit morceau de sense of wonder graphiquement merveilleux.

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