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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 20:46
Le Prophète, de Roger Allers

Difficile de dire pourquoi je suis si réactif pour ce film-ci, vu aujourd'hui le jour de sa sortie, exhumant mon blog par la même occasion, alors que j'ai un mois de retard pour la dernière soirée Bon chic, mauvais genre, autrement plus intéressante cinéphiliquement parlant. Sans doute est-ce du à ce que je chronique plus facilement les œuvres qui m'ont déconcerté et dont je ne sais que penser, que les œuvres qui m'ont réellement conquis.

Je n'ai pas lu le célèbre roman de Kahlil Gibran dont est tiré ce dessin animé, et après avoir vu celui-ci, je sais que je ne le lirai pas.

Pour résumer le film Le Prophète à ceux qui ne connaissent pas le roman (ce qui était mon cas avant d'entrer dans la salle : je connaissais le roman de nom, mais ne savais pas de quoi il parlait), il commence sur l'île orientale imaginaire d'Orphalese, quand la petite Almitra, muette depuis la mort de son père, fait la connaissance de Mustapha, un poète et prisonnier politique assigné à résidence depuis sept ans. Le jour même, Mustapha est libéré et doit appareiller sur un bateau qui doit le ramener dans son pays. Au grand dam du lieutenant chargé de l'escorter, le poète, très populaire sur l'île, commencer à dispenser son enseignement sur la route.

Le Prophète de Kahlil Gibran, c'est ce qu'on appelle pompeusement un conte philosophique, ce qui tout de suite, fait très peur, d'autant plus quand il s'agit de cinéma. Le cinéma, ce n'est pas la littérature, et trop de cinéastes l'oublient, Roger Allers en premier chef. On ne peut certes pas dire que les craintes soient injustifiées : le film repose tout entier sur les illustrations animées des prêches du "prophète". Oui, oui. En dehors de ces séquences, animées par des invités du réalisateur, ce dernier se montre médiocre, car le film se vautre dans un un comique pseudo-burlesque et infantile, qui ferait presque regretter le temps où il tourna Le Roi Lion (j'ai dit presque).

Bien entendu, les prêches, du point de vue du texte même, sont insupportables. Le Prophète de Kkahlil Gibran, c'est un peu les romans de Paulo Coehlo, ou ce que serait Le Petit Prince si la pseudo-philosophie gnangnan n'était contrebalancée par un merveilleux poétique absent de ce conte-ci. C'est mièvre, c'est mal écrit, ça surfe sur la mode new age, non, vraiment, rien à sauver de ce côté-là.

Mais...il y a les séquences animées qui illustrent ces prêches (des clips pour deux d'entre elles, le texte étant chanté en anglais, sous-titré au lieu d'être doublé en français). Et s'il m'est délicat de conseiller le film, celui-ci vaut au moins le détour pour ces séquences. Confiées, comme je l'ai dit, à des invités, choisi manifestement parmi les grands noms de l'animation (j'ai au moins reconnu au générique les noms de Joann Sfar et Bill Plympton), volontiers expérimentales, souvent foisonnante de mouvement et de couleurs, elles sont presque toujours à pleurer de beauté. L'animation du film reste très léchée dans son ensemble, mais la beauté plastique de scènes "conventionnelles" m'a semblé plus surfaite et gratuite, sans à-propos avec l'intrigue de toute façon pauvre, et n'égale pas la splendeur des séquences illustrant les prêches

Un film que j'ai du mal à appréhender, disais-je. Je ne peux en faire un chef-d’œuvre, ni même un vraiment bon film. Mais la beauté des séquences de prêche mérite assurément le coup d'oeil.

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