Chroniques de lectures, anciennes ou toutes récentes, avec quelques chroniques de films ici ou là.
Quand, il ya quelques mois, j'ai entendu parler du roman Le pays où l'on arrive jamais sur le mur facebook d'une camarade blogueuse que je ne dénoncerai pas, ce titre ne m'était pas tout à fait inconnu : je l'avais rencontré en signature d'extraits dans mes manuels de français de collége, et Cthulhu sait comment, ce simple titre avait réussi à marquer mes souvenirs pendant 12, 13 ou 14 ans. Du reste, ce que j'en ai glané il ya quelques mois avait tout pour m'intriguer : des aventures rurales teintées d'étrangeté poétique dans le Nord de la France et en Belgique, cela éveille en moi pas mal de rêveries d'enfance et de début d'adolescence ( c'est seulement dans cette optique personnelle que la fibre régionaliste peut jouer, et non dans un quelconque sentiment communautaire à la gomme). La lecture devenait inévitable, donc.
Gaspard Fontarelle, quinze ans, est le fils d'une femme ayant décidé de courir les routes avec sa petite famille pour devenir diseuse de bonne aventure. La tante du jeune homme, Mlle Gabrielle Berlicaud, tenancière autoritaire d'une auberge à Lominval, le village des Ardennes où est né Gaspard, a décidé que celui-ci ne viverait pas une telle vie d'aventure et resterait à l'écart de toute excentricité, et élève son neveu d'une main de fer. A quinze ans Gaspard est ce qu'on pourait appeller un naïf, qui ne connait rien du monde. Mais tout change le jour où il croise la route d'un enfant de son âge, un fugitif qu'il tente d'aider à s'enfuir...
Bien que la plus grande partie de l'intrigue ne se passe pas forcément dans un cadre radicalement exotique (on a quand même un voyage au Bermudes), Le Pays où l'on arrive jamais est bien un anthentique roman d'aventure, plein de péripétiques souvent rocambolesques et d'une belle galerie de personnages excentriques, l'aventure, la vie nomade et l'excentricité étant volontiers opposé à la médiocrité d'une vie bourgeoise. Le toute dégage une fantaisie très légère, parfois naïve mais jamais niaise, et peut-être bien entendu considéré comme un roman initiatique.. On peut regretter que ce roman d'aventure soit écrit dans un style qui pour être agréable n'est pas toujours alerte, avec force descriptions. Cela peut éventuellemnt être un défaut, mais ça peut aussi ne pas non plus être plus mal pour apprécier les qualités poétiques du roman, qui en font bien davantage qu'un roman d'aventure un peu facile et enfantin.
On trouve ainsi un fantastique diffus dans le roman, qui distille assez d'étrangeté pour êtrez qualifié de l'étiquette à la mode de transfiction. Il apparaît ainsi dés le début du roman que Gaspard a le mauvais oeil, ce qui le poursuivra durant ses aventures mais s'y muera souvent en chance, comme s'il fallait seulement que Gaspard assume sa vie aventureuse. Mais l'idée la plus étonnannte du roman est sans nul doute ce cheval sauvage, le cheval pie, qui enlève littéralement Gaspard et l'emmène sur les routes de l'aventures en une série de pages parmi les plus magnifiques du roman, et qui par la suite chapeautera toute la quête de Gaspard. L'invention de ce cheval prouve que même le fantastique le plus diffus peut permettre des images étonnantes. Et puis il ya des inventions poétiques pas forcément relié à l'étrangeté fantastique du roman, toutes celles liées aux souvenirs d'Hélène, l'enfant que croise Gaspard et qui veut à tout prix retrouver sa mère, "Maman Jenny", et leur "grand pays". Le thème de la mémoire, où il faut retrouver un pays sur la base de très maigres souvenirs d'enfances dont d'aucun nient jusqu'à la réalité, est passionnant, et je dois dire qu'encore une fois c'est un thème qui me parle très personnellement.
Comme quoi on peut inspirer le souffle de l'aventure dans des terres très proches des notres.