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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 18:59

  Pour la première fois, une étape de ce périple mythologique va faire référence à mon actualité livresque immédiate. Je viens en effet de finir La Légende des Soleil  suivi de L'Histoire du Mexique aux éditions Anacharsis, lecture qui répond et compléte celle du Pop Wuh dans la A l'aube des peuples de Gallimard il y a deux ans.

 

http://www.mexicolore.co.uk/images-2/236_05_2.jpg 

La Légende des Soleil est le texte sacré des Aztéques, le Pop Wuh ou Livre des Evénements celui des Mayas Quiché. Tous deux ont été rédigé à l'époque coloniale, au XVIème siècle, ce qui devrait normalement suffire à faire taire les délires new age qui s'extasient avec la plus grande naïveté sur les similitudes entre le Pop Wuh et la Bible (perso je trouve que même dans le fond probablement ancien il faut vraiment chercher loin et surtout faire preuve d'un certain ethnocentisme, genre je vois mon Livre sacré partout -fin du coup de gueule). L'Histoire du Mexique, ajouté au premier texte par une maison d'édition habituée à ces recoupements symapthiques, est un texte français de la même époque, probablement une traduction / revision approximative d'un texte volé à un galion espagnol, et qui donne une vision différente -mais prêtant à caution, d'où l'utilité des notes de Jean Rose- de la Légende des Soleil.

 

  La lecture de La Légende des Soleil a pu ainsi me confirmer que les mythes aztéques et mayas sont trés proches, à défaut d'être proche de la Bible. Il y est question de mondes et d'humanités détruits avant la notre (trois pour les Mayas, quatre, les quatre "Soleils", pour les Aztéques) par quoi débute ces textes pour se finir de façon plus aride par les temps historiques. 

 Au milieu, la création de l'humanité actuelle se fait toujours grâce à un voyage aux Enfers. Si le voyage du Quetzalcoatl aztéque  recèle peu de péripéties, le théme devient bien plus épique chez les Mayas, dont la plus grande partie du livre sacré est occupé par l'expédtion dans le monde souterrain, pour venger son pére, du héros Hunahpu Xbalanque, dont Anton Chavez, auteur de la traduction espagnole qui a servi de base à cette version française, a été le premier à deviner qu'il s'agissait d'un seul personnage et non de deux jumeaux comme dans les précédentes traductions et, par cet intermédaire, à peu prés toutes les adaptations jeunesse.  Ca la fout mal pour la belle image des compagnons fraternels d'aventure (qui me faisait déjà rêver dans le court essai Mythes Aztéques et Mayas chez Point, c'est dire) mais c'est comme ça, et ça explique le fait que l'un des jumeaux ne serve à rien, surtout en fait celui du pére qu'il s'agit de venger.

 

Ceci dit, pour avertir tout de suite, les deux textes ne sont pas des lectures faciles. Le style est celui des textes sacrés, analogue à celui de la Bible (mais seulement dans le style hein ) particuliérement obscur. Bref il faut déjà avoir un certain interêt pour les religions, à la différence du plaisir plus littéraire d'un classique greco-latin ou d'un roman médieval.

  Le Pop Wuh reste probablement le plus plaisant, malgré son écriture rebutante, par ce véritable petit roman d'aventure qu'est le voyage souterrain d'Hunahpu et les épreuve qu'il y subit, lesquelles donne l'occasion d'un festival d'images étranges auquel le folklore européen nous a peu habitué. Un autre moment de bravoure est le voyage de plusieurs siècles de l'humanité à travers les ténèbres d'avant  la venue du Soleil ; l'humanité, autrement dit les quatre ancêtres des Mayas Quiché et un grand cortége des autres peuples (des inférieurs dont l'origine importe peu dans le texte si je me souviens bien).

 

  Maintenant parlons un peu de la façon dont les textes sont présentés. Sur la Légende des Soleils, dont c'est la première traduction en français, rien à redire, l'édition de Jean Rose est trés professionnelle (donc il faut aimer les notes) et la préface explique méticuleusement la philosophie aztéque. Pour l'édition du Pop Wuh par Anton Chavez, dont l'édition française n'est que la traduction, c'est déjà un peu plus folklo. 

   C'est que si Chavez m'a paru un traducteur du plus grand sérieux, qui explique bien les erreurs des précédentes traductions et est arrivé à me faire bien saisir, la rendant ainsi crédible, l'origine du malentendu  des jumeaux fictifs, dés qu'il se met à interpréter, ça délire sec. J'ai déjà évoqué les élucubrations sur la Bible, mais il peut aussi l'appuyer en nous trouvant dans le texte (!) la preuve de l'origine mésopotamienne des Mayas (on peut aussi rajouter au dossier le fantasme éculé du matriarcat primitif, ici dégainé sans prudence). Pour cette édition, un supra-paratexte n'aurait pas été de trop, comme ce fut le cas dans la même collection pour les Mythes tahitiens de Teuria Henri. 

 

  Avec cette précaution, des textes à lire pour tous ceux qui s'intéressent aux civilisations précolombiennes.

 

  Et n'oublions pas de créditer au générique l'illustration : manuscrit aztéque connu sous le nom de Codex Borbonicus.

 

  EDIT : j'ai supprimé  le titre espagnol de La Légende des Soleils, dont je viens seulement de réaliser qu'il n'est pas du tout le  titre original, le texte étant originellement rédigé en nahuatl, la langue des Aztéques. 

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