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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 02:58

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Depuis le temps que j'étais censé le rédiger, cet article...eh oui, pour mémoire, une suite était promise dès la chronique de Paprika et Millenium Actress, suite comprenant le visionnage de Perfect Blue, le film qui a révélé le réalisateur. Il aura quand même fini par descendre de ma pile à voir, celui-là. Outre qu'il compléte ma connaissance de ce réalisateur par une pierre angulaire de son oeuvre, il me permet de vérifier ce dont j'ai eu quelque échos : que l'anime de Satoshi Kon a fortement inspiré  Black Swan d'Aronofsky. Le thème est ppur ainsi dire similaire (la schizophrènie liée à deux rôles dans les arts du spectacle, l'un tout en candeur et l'autre sulfureux) on compte quelque scènes clin d'oeil, le traitement du thème par Aronofsky est peut-être juste plus superficiel. Mais je ne reviendrait pas là-dessus.

 

  Perfect Blue raconte l'histoire de Mima Kirigoe, chanteuse dans un groupe de pop un peu niaise, les Cham, davantage une idole qu'une artiste. Sous la poussée de son agent -au moins l'un d'eux, sa collégue Rumi étant bien moins enthousiaste- elle décide  d'arrêter la chansonnette pour devenir actrice dans une série policière, où peu à peu son image devient plus trash et tranche singulièrement avec la chanteuse pop-kawaï niaiseuse. Ce revirement ne manque pas de decevoir ses anciens fans, mais l'un d'eux apprécie encore moins que tout autre, au point de trucider gentiment les responsables de la série. Parallélement, Mima s'aperçoit qu'elle souffre d'un dédoublement de personnalité -parlons tout de suite de schizophrénie, histoire de ne pas être gêné des raccourcis scientifiques.

  Quel est le rapport, me direz-vous, entre ces deux fils d'intrigue, entre la shcizophrénie et le fan tueur ? Eh bien, ces deux motifs se mêlent dans une réflexion qui est au centre du film, sur la société de l'apparence où l'identification aux icônes de la mode devient une véritable crise identitaire. Les deux Mima ne sont rien d'autres que ses deux identités médiatiques, la chanteuse et l'actrice, en dehors desquelles elle n'est rien, son personnage restant volontairement creux. Sa schizophrénie répond à l'inquiétant manque de discernement  de son fan(atique), incapable de faire le lien entre la "vraie" Mina et celle qu'il considére comme une imposteur. Un twist final que je ne dévoilerais pas, loin de ruiner ce jeu sur la réalité, lui apporte au contraire une nouvelle dimension. L'ensemble fait froid dans le dos quand on songe que la réalité n'est pas toujours très loin de la fiction, le film étant à placer dans le contexte du Japon d'aujourd'hui où, comme en Corée, prolifére le phénomène social des otakus, surgeeks dépourvus de vie sociale en en dehors de leur passion.

  Satoshi Kon ne s'arrête pas là dans sa peinture de la confusion fiction/réalité, et approfondit son versant psychiatrique avec un jeu subtil dont il fera plus tard le fondement de son Millenium Actress : la confusion entre la vie de l'actrice et l'oeuvre dans laquelle elle joue, ceux-ci se recoupant de manière invraissemblable. La version de ce thème dans Perfect Blue  fait bien sûr presque sourire après celle de Millenium Actress, tant elle en semble une ébauche. En fait, j'ai l'impression que je vais proférer une hérésie, mais le film m'a semblé une ébauche de l'oeuvre à venir de Satoshi Kon, une oeuvre de jeunesse (aïe, pas sur la tête) où le jeu sur le rêve et la réalité est encore timide et même un peu mécanique, même s'il est déjà fait avec un grand art -les raccords inattendus, notamment, font un effet boeuf sur le spectateur.

  Le seul obstacle à surmonter pour apprécier cet excellent film, outre l'étalage tout à fait voulu et nécessaire de kitsh acidulé, consiste dans lee choix d'animations. J'avoue que pendant une petite première heure, je me suis dit "c'est ça, l'animation de Perfect Blue ?" Ce qui me déstabilisait ainsi était l'abondance de plans fixes, le genre de choses qui fait très peur quand on en tête la référence de Nanarland (ben quoi ?) où ces plans fixes sont volontiers moqués dans les nanars d'animations asiatiques, notamment coréens. J'ai quand même fini par m'aperçevoir que ces images jouent un rôle dans la peinture d'un monde d'apparence. Soyez prévenu pour rentrer plus rapidement que moi dans le film et vous laisser mener en bateau dans les labyrinthes de Satoshi Kon.        

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