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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 10:51

  [Attention, comme pour Pierre Dubois il y a quelque mois, cette chronique commencera par un un gros morceaux de 3615 mylife]

 

  Peu d'auteurs de science-fiction comptent autant pour moi, sentimentalement parlant, qu'H.G.Wells, pour une raison bien simple : j'ai quasiment découvert la science-fiction avec lui. J'avais bien lu un ou deux très courts romans de space op' dans "Je Bouquine" lorsque j'avais dix ans (je ne compte pas la découverte au cinéma, à la téloche et dans les baydays, forcément plus précoce), mais c'est quatre ans plus tard, avec La Machine à explorer le temps, que je devenais lecteur régulier de essèfe. Pendant un peu d'un an, les romans de Wells et de Verne constituait l'essentiel de mes découvertes du genre, déterminant mon goût pour le merveilleux scientfique, auquel certains films vu enfant (j'en ai déjà chroniqué un  ici ) m'avaient déjà plutôt bien préparé, puisque leur souvneir décida de l'impulsion même d'emprunter en bibliothèque La Machine à explorer le temps...

 

[Fin du 3615 mylife]

 

 http://fr.web.img3.acsta.net/medias/nmedia/00/02/52/14/machine.jpg C'est justement par l'adaptation de ce dernier roman (la vraie, celle de Georges Pal de 1960, pas celle de 2002 qui ne m'inspire guère confiance, même s'il n'est pas exclu que j'y jette un oeil par curiosité) que je vais commencer cette chronique qui parlera des trois adaptations de Wells que j'ai vu récemment.

  Si le film de Georges Pal restitue fidélement l'univers et l'ambiance du roman de Wells, il faut néanmoins faire abstraction de la vertigineuse parabole socialiste que constitue celui-ci...mais le film n'est pas creux pour autant, très loin de là. On y retrouve toutes les angoisses de la science-fiction de l'époque, avec notamment les préoccupations pacifistes (le voyageur du temps cherche dans l'avenir un monde sans guerre), très ancrées dans la Guerre Froide, le film profitant de la durée qui le sépare du roman pour y introduire les deux Guerres Mondiales...et la Troisième. Le monde de l'an 802 701 devient post-apocalyptique, et pourrait être l'utopie que cherche le héros, et c'est ici que le film cultive une délicieuse ambigutié par rapport à cette quête, car la paix y montre, à travers la dictature douceâtre et horrible à la fois des Morlocks (qui ne sont donc plus la Nemesis du capitalisme), qu'elle peut devenir une autre menace, celle de l'hédonisme qui mène à la paresse intelectuelle, à l'apathie et finalement à l'abandon du libre arbitre. Aldous Huxley et son Meilleur des mondes ne sont pas loin...Un film qui, s'il n'atteint pas le niveau de profondeur  du roman de Wells, n'en posséde pas moins un fond percutant et toujourd actuel, très loin d'un simple divertissement d'aventure.

  Mais La Machine à explorer le temps de Georges Pal, c'est aussi ça : un formidable film d'aventure à l'esthétique d'un kitsh sublime. Je ne prétendrai que le film ait très bien vieilli : les décors, les costumes, les coupes au bol des Elois, les Morlocks très "craignos monsters", tout cela subi la patine des ans, mais n'en aura que davantage de charme à l'heure actuelle. Le spectacle m'a tellement tenu sous le charme que j'ai fini par apprécier comme une plus-value nanardesque un élement qui suffirait à gâter le plaisir de certains : la résolution du conflit entre Elois et Morlocks, qui relève quand même un peu du foutage de gueule en terme de cohérence scénaristique, à moins de faire du héros un benêt. Un film peut-être pas parfait, mais passionnant et à plusieurs niveaux de lectures.

 

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/large/65/49441.jpg  J'ai enchaîné avec l'adaptation mon autre roman préféré de Wells, Les Premiers hommes dans la lune. Ce film britannique de 1964 réunit de grands noms : une réalisation de Nathan Juran, responsable du Septième voyage de Sinbad, et comme pour ce dernier film, des effets spéciaux du grand Ray Harryhausen (ce qui m'a tout de suite donné envie de me faire un cycle de visionnages / revisionnages du grand Ray, mêle si je n'en parlerais pas sur ce blog).

  En notre époque  où fleurissent les adaptations relevant du fan service, ces adaptations trop fidèles qui m'ont toujours barbé, les liberté avec le roman de Wells sont bienvenues et partent d'une idée géniale : le film démarre en effet dans un futur qu'on imagine immédiat, avec une mission russo-américaine (belle utopie !)  qui découvre sur la lune...un petit drapeau anglais et un message revendiquant la lune au nom de la Reine Victoria ! Guidés par ce message, les membres de l'expédition retrouvent dans une maison de retraite le vieux Bedford, l'un des tous premiers hommes à avoir mis le pied sur la lune en 1899, et qui va leur raconter son voyage en compagnie de sa fiancée Kate et de Cavor, inventeur de la sphère de cavorite, l'une des machines les plus renversantes qui ait jamais peuplé mes rêves d'ado.

  Cette fois-ci, il faut bel et bien oublier na noirceur de la parabole anti-colonialiste de Wells. Le film de Nathan Juran est un pur divertissement, débordant d'humour et de fantaisie, avec les effets spéciaux renversants du grand Ray, un Cavor qui constitue un beau spécimen de savant fou, des références dont certaines m'ont peut-être échappé (dificile en tout cas de louper la fusée russo-américaine...à damier comme celle de Tintin) et qui ajoute au ton léger du métrage, et j'en passe et des meilleurs de ce film très inventif. En tant que fan du roman, je suis un peu frustré de ne pas y avoir vu la forêt de la surface lunaire, qui eut été très cinématographique (mais peut-êttre difficile à rendre crédible dans le scénario, en plus d'êttre difficile à mettre en scène), mais le spectacle est assez agréable comme cela.

 

 http://p9.storage.canalblog.com/94/67/847944/65626056.jpg Il est normal que je conclue mon cycle avec le dernier roman de mon trio welliens de tête, La Guerre des mondes. Et là, je dois confesser avoir moins accroché, et il est possible que ce soit en grande partie de ma faute.

  Certes, il faut encore une fois faire abstraction du roman de Wells, mais cela n'a pas été difficile pour moi. Bien sûr qu'il n'est pas question, dans un film tourné en pleine Guerre Froide (1953) ou les Martiens sont réputés incarner le péril rouge, de restituer la glaçante parabole anticolonialiste de Wells, où les plus grandes puissances occidentales se trouvaient ausis démunies face aux Martiens que face à elles les tribus sauvages qu'elles exterminaient. Non, les Etats-Unis du film de Byron Haskin sont comme ils aiment à s'imaginer à l'époque : prompt à se défende jusqu'au bout. On peut se crisper de voir l'apologie de la bombe atomique, et soupirer devant la dimension bondieusarde que prend  le deus ex machina final, une dimension d'autant plus inutile que ce deus ex machina est aussi bien justifié scientifiquement que dans le roman. Mais j'étais averti, et je ne demandais pas au film  c'être aussi profond et impertinent que le roman.

  En revanche, j'attendais davantage le film au tournant pour ce qui est du visuel, et c'est là que j'ai senti poindre la déception. Ceci étant du essentiellement à des fantasmes de prévisionnages, inspirés par la visite d'un site publant des croquis originaux de Ray Harryhausen, encore lui, parmi lesquels ceux pour son projet d'adaptation de La Guerre des Mondes...qui je le sais, maintenant, a capoté et n'est pas du tout le film de Byron Haskin ! Aurais-je mieux apprécié le film sans m'êttre monté la tête ainsi ? Difficile à dire. Ma réaction était plutôt de faire mon blasé, non pas, entendons nous bien, par rapport aux effets spéciaux actuels, face auxquels je deviens volontiers un jeune vieux con, mais bien par rapport au sublimes kitsheries des années 50 à 70. Il faut bien dire que La Guerre des Mondes n'est pas le film le plus inventif de la science-fiction de l'époque. J'ai d'ailleurs envie de faire mon fan de base du roman  et de dire que ce n'est guère une idée heureuse de remplacer les classieux tripodes (que Harryhausen devait justement mettre en scène) par de plus banals vaisseau volants, dans une volonté de modernisation paradoxale quand le film garde... les obus à la Jules Verne dans lesquels viennent les Martiens ! Quant à ces derniers, ils m'ont semblé un peu ridicules. Mais comme je disais, je me suis un peu monté la tête, et il y a peut-être eu une rencontre manquée entre ce classique de la SF et moi-même. Tant pis.      

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