Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 22:38

  Je me décide enfin à publier cette chronique que j'ai dans mes brouillons depuis deux mois (elle viens auparavant, sous une forme un peu retouchée depuis, du forum d'Actusf).   

 

http://www.noosfere.org/images/couv/F/FnAnt1705-1989.jpg

   Alain Paris est célèbre pour son cycle de La Terre Creuse, uchronie utilisant la mythologie occulte à la Indiana Jones tournant autour du nazisme, et que je n'ai pas lu. En revanche, j'ai tout de suite été intrigué par Pangée, trilogie parue en 1989 chez Fleuve noir (depuis réédité sous forme numérique chez Eon, trés bonne initiative selon moi). Etant  assez fasciné par le thème des civilisations préhistoriques (décalage avec mon imaginaire d'enfant hanté par les dinosaures, sans doute), est de façon plus générale attiré par les couvertures sublimes de Sanahujas (avec une réserve sur celle du troisième tome), l'achat  était inévitable pour moi.
  Je pensais  lire un divertissement sympathique et bien ficelé, j'ai découvert quelque chose de bien plus subtil.

  A voir l'argument (l'existence d'une civilisation préhumaine à l'époque carbonifère, il y a 300 millions d'années) on se doute  qu'on a pas affaire à de la hard science. En vérité, on s'en découvre bien plus éloigné encore lorsqu'Alain Paris nous fait vivre une Pangée (le continent unique de l'époque) qui ferait hurler les paléontologues, ou les amphibiens, insectes géants et forêts de fougères sont remplacés par une faune et une flore anachroniques emprutant essentiellement à l'ère tertiaire ou même à notre époque. On voit qu'on est plus proche d'une fantasy sans magie (à l'exeption d'une touche fantastique dans le troisième tome) que d'une véritable science-fiction. Les amateurs frustrés de fantasy originale suivront mon regard, surtout qu'avec une telle création d'univers (la conception des civilisations pangéesques est d'une rigueur impressionnante) on aurait tort de bouder son plaisir.

 

http://www.noosfere.org/images/couv/F/FnAnt1711.jpg 

Quid de l'intrigue ? La trilogie entremêle trois destins individuels, qui donneront chacun son titre à un tome (pas toujours  avec pertinence à mon humble avis) : le barbare Dal Refa'i,  l'affable aritstocrate Joal ban Kluane  et l'ambitieux guerrier Sassar.
  Le tout est  resseré  sur trois tomes de 180 pages en moyenne. Pas besoin  d'en faire plus, car il n'y a dans ce roman aucun enjeu tolkiennesque de salut mondial. Vous l'aurez deviné, c'est l'extinction de la civilisation préhumaine  que va nous conter l'auteur de La Terre creuse, dans un déluge de sang et de fureur, entre cataclysmes naturels, désagrégation sociale, et la grande guerre dévastatrice dont Dal Refa'i sera le leader illuminé.
  Bref, ce n'est pas gai. C'est même noir, très noir, d'une violence peu commune et d'un certain cynisme. Et l'interêt de cette noirceur est qu'elle ne tient pas seulement à une succession ennuyeuse de catastrophes (qui sont plutôt bien amenées, d'ailleurs) mais à des destins individuels, ceux des trois héros notamment recelant de véritables accents shakespeariens.

 

http://www.noosfere.org/images/couv/F/FnAnt1717.jpg

Le style d'Alain Paris ne fait pas forcément d'étincelles (il manque de fluidité et de naturel par moment, sans oublier les multiples coquilles de l'édition) mais le monsieur posséde néammoins un véritable talent de conteur pour nous faire vivre cette épopée à la fois furieuse et d'une certaine poésie d'imagination.

 

 Une création qui détonne donc au sein de la production trés inégale (son abondance impliquant des niveaux trés divers de qualité ) de la collection Anticipation du Fleuve Noir   

Partager cet article
Repost0

commentaires